JEUNE CINÉMA n°380, mai 2017
Couverture :
Cynthia Nixon, A Quiet Passion (Terence Davies, 2016).
Quatrième de couverture :
Danielle Darrieux, The Rage of Paris (Henry Koster, 1937).
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Nous aurions aimé ne pas placer de nouveau un éditorial sous le signe de la déploration. Mais la malédiction Jeune Cinéma a encore frappé.
Le jour même où le n° 378-379 sortait de l’imprimerie, le 12 février 2017, nous apprenions la disparition de Luce Vigo.
Elle était évidemment, Fédération Jean-Vigo des Ciné-Clubs oblige, une amie de la revue, où elle fit ses débuts de critique, en février 1965, et à laquelle elle collabora - plus de quatre-vingts participations - jusqu’en septembre 1981.
Belle manière de boucler la boucle, elle écrivit son ultime texte en décembre 2016, pour notre n° spécial consacré à Alice Chardère. Porteuse d’un nom illustre pour tous les cinéphiles, ce ne fut pas comme "fille de" qu’elle s’imposa, mais par son travail, à Bobigny, à Épinay, au prix Jean-Vigo, partout où son ouverture, sa curiosité et sa compétence pouvaient s’exercer. On trouvera, p.114, d’autres souvenirs de Luce. Souhaitons qu’il s’agisse de la dernière nécrologie que nous ayons à publier cette année.
Le temps de Cannes est donc venu, un peu retardé cette fois-ci, à cause des devoirs électoraux.
Comme chaque printemps, la planète cinéma a vibré, avant que les diverses sélections soient annoncées, de rumeurs, d’attente, d’espérance, avec leurs corollaires, la joie et le bonheur pour les cinéastes choisis, le déplaisir, la bouderie (et parfois l’anathème) pour ceux qui n’étaient pas retenus. Il est difficile pour un artiste, toujours certain d’avoir donné son meilleur, d’être écarté - mais qui se soumet à un tri sélectif doit en supporter le verdict, ce qui n’est pas toujours le cas. On peut tout de même affirmer que, pour le cinéma français au moins, tous les films qui le méritaient sont au programme des différentes sections.
70e édition, donc. Comme le temps passe… Lors de la soixantième, une médaille d’or avait été décernée à un journaliste italien qui n’avait jamais raté un festival depuis 1946. Sera-t-il encore là, ce témoin obstiné ? En tout cas, Cannes se penche sur son passé, puisque la majeure partie de la programmation de Cannes Classics est constituée de titres ayant marqué le festival, de La Bataille du rail originelle au Songe de la lumière de Victor Erice (1992).
Parmi eux, au moins deux inconnus : Ila Ayn ? de Georges Nasser (Liban, 1957) et Matzor de Gilberto Tofano (Israël, 1969), et un Jean Rouch, Babatu, les trois conseils, dont on apprend qu’il a représenté le Niger en 1976.
On ne cessera jamais de découvrir.
Parmi les films étrangers de la compétition que nous connaissons, avouons notre admiration pour A Gentle Creature de Sergei Loznitsa, qui renoue avec la fiction négligée depuis Dans la brume (2012), The Square de Ruben Östlund, bien dans la lignée dérangeante de Snow Therapy (2014) et Happy End de Michael Haneke (bonne occasion pour lui de décrocher une troisième palme).
Mais nous attendons également beaucoup de quelques réalisateurs de chevet, Andrey Zviaguintsev ( Nelyubov ) et Lynne Ramsay ( You Were Never Really Here ).
Et notons, du côté d’Un certain regard, un remarquable niveau d’ensemble, grâce à des premiers films - Tesnota de Kantemir Balagov,, Out de Gyorgy Kristof, En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui, Doppo la guerra de Annarita Zambrano - et à des cinéastes peu connus, Kaouther Ben Hania avec Aala Kaf frit ou Stephan Komandarev avec Posoki. Toutes découvertes qui seront examinées dans notre prochain numéro, avec les autres titres vus sur la Croisette.
Depuis quelques jours, le cinéma français compte une nouvelle centenaire, Danielle Darrieux. L’anniversaire a été un peu plus célébré que celui de Jean Delannoy jadis, passé inaperçu, mais n’a pas donné lieu à de grands déploiements festifs. Heureusement, DD n’a rien d’une actrice oubliée, et parmi la centaine de films qu’elle a tournés, tous ceux qui valent sont accessibles en DVD. En Madame de ou Bébé Donge, elle fut grandiose, mais c’est peut-être en adolescente délurée qu’on la préfère, à l’époque de Quelle drôle de gosse de Léo Joannon ou de Un mauvais garçon de Jean Boyer. Nous y reviendrons dans notre numéro d’été, avec des témoignages d’admiration inédits.
Et puisque nous en sommes au cinéma patrimonial, rappelons que, les lumières de Cannes à peine éteintes, Il Cinema Ritrovato commencera ses fastes à Bologne le 24 juin 2017.
Au programme de cette 31e édition, les "films du dimanche", les films noirs de Samuel Khachikian, un hommage à Augusto Genina, l’œuvre de William K. Howard, Colette et le cinéma, la seconde partie de la rétrospective Carl Laemmle Jr chez Universal, et les dizaines de films retrouvés et restaurés cette année.
De quoi emmagasiner des souvenirs pour tout l’été, d’autant que les boulimiques pourront enchaîner avec le Festival de La Rochelle, à partir du 30 juin 2017. Si Tarkovski ou Hitchcock n’ont plus guère de secrets à dévoiler, le jeune cinéma israélien, les films de Ruben Mendoza et de Andrei Ujica sont des raisons suffisantes pour aller se promener du côté de la côte, en souvenir de Jean-Loup Passek.
Malgré le nombre de pages - il est rare qu’un numéro "simple" soit aussi copieux -, il ne restait plus de place pour traiter de tous les DVD importants qui sont parvenus à la revue. Les recensions des dernières parutions italiennes de chez Bach Films (deux Soldati, trois Rossellini) et des raretés, signées Risi, Monicelli ou Blasetti, de la collection Edizioni Maestro d’ESC sont repoussées au n° 381.
Mais les lecteurs qui nous font confiance peuvent se les procurer illico.
Comme ils peuvent se procurer, s’ils ne l’ont déjà fait, le remarquable livre de Luc Béraud, Au travail avec Eustache (Actes Sud / Institut Lumière) - pour le même motif, son compte rendu ne sera livré que dans le numéro d’été. Il s’agit d’un des plus passionnants livres de cinéma lus depuis longtemps, le complément nécessaire de la rétrospective Eustache proposée par la Cinémathèque française tout au long de ce mois de mai. Bonne lecture et bonnes projections !
Lucien Logette
Jeune Cinéma n°380, mai 2017
Cinéma français
* Les films français à Cannes, par Lucien Logette.
* Assayas et Desplechin, par René Prédal.
* Souffler plus fort que la mer, par Lucien Logette.
* Rencontre avec Marine Place, par Lucien Logette.
Du monde entier
* Portraits de femmes américaines, par Bernard Nave.
* Terence Davies et Emily Dickinson, par Anne Vignaux-Laurent.
* Courts métrages taïwanais, par Nicole Gabriel.
* Cinélatino, par Philippe Rousseau.
Documentaires
* Cinéma du Réel 2017, par Nicole Gabriel.
Patrimoine
* De la judéité de quelques "exilés" européens à Hollywood (1), par Patrick Saffar.
* Toute la mémoire du monde
1. La Triangle, par Nicole Gabriel.
2. Force et Beauté, par Nicolas Villodre.
* Retour sur François Reichenbach, par Robert Grélier.
* Inferno 8 : Jean-Daniel Pollet, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.
* Mikio Naruse et Nuages épars, par Philippe Roger.
* Le Phalène d’argent de Dorothy Arzner, par Nicole Gabriel.
* Credo de Jacques Deray, par Bernard Chardère.
DVD
* Chronique de printemps (tardif), par Jérôme Fabre.
* Glanures, de Machin à Faure, par Philippe Roger.
* Dominique Cabrera, par Robert Grélier.
* Propriété privée, par Nicole Gabriel.
Actualités
* Sayônara, par Jean-Max Méjean.
* Le Goût du tapis rouge, par Jean-Max Méjean.
* Django, par Nicolas Villodre.
* Departure, par Jean-Max Méjean.
* Drôles d’oiseaux, par Gisèle Breteau Skira.
* Ana, mon amour, par Jean-Max Méjean.
* Bientôt les jours heureux, par Jean-Max Méjean.
Livres
* La mémoire indomptée de Mathilde Rouxel & Jocelyne Saab, par Robert Grélier.
* Lettres à un jeune monteur de Henri Colpi & Nathalie Hureau, par Robert Grélier.
* Un tableau au cinéma, Guernica, de Gisèle Breateau Skira, par Jean-Max Méjean.
Exposition
* Enfance et cinéma. D’Antoine à Zazie, par Claudine Castel.
Nécrologie
* Luce Vigo (1931-2017), par Bernard Chardère.
* Luce Vigo, courrier, par Jean-François Camus.
Expérimental
* L’intégrale Peter Kubelka, par Nicole Gabriel.
Divagations
* Qu’est-ce que vous auriez voulu dire ? par Bernard Chardère.
JEUNE CINÉMA n°380, mai 2017