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Jour d’après (le) (2017)
de Hong Sangsoo
publié le jeudi 8 juin 2017

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n° 381, été 2017
(à paraître)

Sélection en compétition officielle au Festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 7 juin 2017


 


Il y a (essentiellement) trois femmes dans le dernier film de Hong Sangsoo : l’épouse de Bongwan (lequel est écrivain et responsable d’une petite maison d’édition), la femme avec qui il l’a trompée (une ancienne employée) et la nouvelle employée, Areum, avec qui il ne l’a pas (encore) trompée et que la femme légitime prendra pour la maîtresse de Bongwan. In fine, cette dernière fera retour pour prendre la place de l’employée fraîchement arrivée.

Goûter à ce manège davantage dépressif qu’amoureux exige que l’on soit attentif aux moindres inflexions du dialogue, aux rires étouffés, aux pleurs, à ces signes climatologiques dont la portée ne nous apparaît bien souvent qu’avec un temps de retard.


 

Le film fonctionne sur le mode du double, sous sa triple occurrence du retour du même dans l’autre, de la différence et de l’oubli. Le double est ainsi censé déjouer l’unique (c’est une autre que ma maîtresse) mais, pour Bongwan, ne fait qu’y renvoyer (elle pourrait être ma maîtresse).

La "dernière femme" présente dans le film n’existera que hors champ (on se contente d’entendre sa voix) ouvrant Le Jour d’après à un léger vertige, celui-là même des possibles (qui est vraiment cette femme ?).

Si l’on mange et si l’on boit moins que dans les autres films de Hong Sangsoo, on y parle tout autant, et, comme chez Rohmer, on n’hésite pas à y parler philosophie : là où Areum, convaincue que le réel est une illusion, est attachée à la croyance ("je crois que je peux mourir à tout moment et je crois en ce monde"), l’écrivain prétend que les mots sont inaptes à saisir le réel.


 


 

Est-ce la raison pour laquelle Hong Sangsoo multiplie les zooms et autres panos (lors des scènes de dialogue), afin de nous rappeler que nous sommes au cinéma ?
Le réalisateur serait-il aussi tranquillement désespéré que son protagoniste ?
Nouveau paradoxe de ce film austère et gracieux, sombre et ludique.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Le Jour d’après (Geu-Hu). Réal, sc, mu : Hong Sangsoo ; ph : Kim Hyungkoo ; mont : Hahm Sungwon. Int : Kwon Haehyo, Kim Saebyuk, Kim Minhee, Cho Yunhee (Corée, 2017, 92 mn).

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