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Visages, villages (2017)
de Agnès Varda & JR
publié le mercredi 28 juin 2017

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Sélection officielle hors compétition du festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 28 juin 2017


 


On se retrouve d’abord, comme dans chaque nouveau film de Agnès V., un peu retenu.
Il faut s’y (re)faire, à ce cinéma à la première personne, à cet affichage de l’intime, cette mise en avant dans l’image et dans le commentaire - Marker, toujours présent dans chaque œuvre, ne disait jamais "je". Mais, comme à chaque fois, on reprend la bonne place rapidement : on est en pays de connaissance, en visite chez une vieille tante qu’on aime bien.


 

D’autant que le dispositif - puisque c’est le terme que l’on peut employer pour ses derniers films et ses installations - est neuf. Déjà, la voir s’associer à quelqu’un qui pourrait être son petit-fils et avec qui elle va cosigner le film (une première pour elle), est notable.
Et la découverte de l’activité de JR, ces tirages gigantesques de photomatons, est passionnante.


 


 

Nonobstant, le film prend un peu de temps à trouver son rythme : la mise en place est lente et les premiers exemples de transformation d’un espace par les photos sont anecdotiques - les habitants du village, la vendeuse sur le mur-pignon : c’est bien, mais c’est plus descriptif que ressenti.


 

Au fil des déplacements, le film gagne en puissance et en émotion : le coron fantôme (qui rappelle une installation de Boltanski au musée du Grand-Hornu) est le premier grand moment, avant le blockhaus sur la plage de St-Aubin-sur-mer, et la photo de Guy Bourdin emportée par la marée. La culmination survient avec la séquence des femmes des dockers du Havre et leurs photos sur les containers, plans superbes, avec l’idée magnifique du cœur de chacune ouvert en abyme.

Quant à la séquence finale du voyage à Rolle et la tristesse émue devant la trahison de JLG, elle est également étonnante.


 

Mais ce qui touche le plus, c’est la fragilité nouvelle d’Agnès, la découverte brutale, depuis le temps qu’elle nous accompagne, qu’elle est une vieille dame, avec une canne et des yeux fatigués. D’où l’impression d’œuvre ultime, même si l’on est certain qu’elle est capable de nous surprendre encore.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 381, été 2017

Visages, villages. Réal, sc : Agnès Varda & JR ; ph : Claire Duguet, Nicolas Guicheteau, Valentin Vignet, Romain Le Bonniec, Raphaël Minnesota, Roberto De Angelis, Julia Fabry ; mont : Agnès Varda, Maxime Pozzi Garcia ; mu : Mathieu Chedid (France, 2017, 89 mn). Documentaire.

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