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Tom of Finland (2017)
de Dome Karukoski
publié le mercredi 19 juillet 2017

par Nicolas Villodre
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 19 juillet 2017


 


Cette grosse production, signée Dome Karukoski, à la gloire du dessinateur finnois Touko Valio Laaksonen (1920-1991), plus connu sous son nom d’emprunt Tom de Finlande (parfaitement campé par le comédien Pekka Strang), est du genre hybride, relevant à la fois du biopic, du mélo et du film militant en faveur de la cause homosexuelle masculine.

De l’enfance de Tom, de sa formation de dessinateur, le film ne nous souffle mot. On le découvre enrôlé dans la défense aérienne contre l’ennemi séculaire russe, jeune soldat vivant ses premières expériences érotiques en marge d’un corps d’armée composé d’hommes. Pas de méli-mélo sans orphelin : notre héros se trouve un père de substitution en la personne d’un capitaine attaché aux viriles amitiés.

La guerre finie, les vrais ennuis commencent. Tom vit en colocation avec sa sœurette, tout aussi esseulée, qui partage avec lui le goût du dessin.
Il a dès lors une double vie : sexuelle, tout d’abord, avec des rencontres clandestines nocturnes dans des parcs que vient violemment réprimer la police, ensuite, avec une production graphique underground qu’il mène en parallèle avec son activité professionnelle dans une agence de pub.


 

La publication des dessins (en 1957) par un magazine américain (Physique Pictorial) lui apporte, peu à peu, le succès. La création de sa propre société, vingt ans plus tard, lui permet de vivre de son art. Entre-temps, la sous-culture de la bande dessinée et la contreculture issue des minorités et des marges des années 60, en Californie comme ailleurs - dans le Swinging London, au Quartier latin, à Prague, Berlin, Milan, etc. -, a gagné en légitimité. L’art mineur, y compris celui interdit aux mineurs, trouve maintenant preneur.

Tom n’est pas totalement révolutionnaire, d’illustres devanciers ayant défriché ce terrain miné qu’il explore avant de l’exploiter.
On pense à Jean Cocteau qui, avec son Livre blanc publié en 1928, a illustré un récit sur l’homosexualité adolescente avec des corps angéliques aux volutes matissiennes se livrant à des activités assez explicites, ainsi qu’au peintre et dessinateur américain Paul Cadmus (1904-1999) qui, dès 1933, a réalisé des fresques à la gloire d’une ambiguë Navy. Sans parler, pour ce qui est du 7e Art, de Kenneth Anger - cf. Fireworks (1947) ou Scorpio Rising (1964) -, Andy Warhol, Luchino Visconti - Les Damnés (1969) - ou Fassbinder.


 


 

Tom systématise néanmoins la vision de l’idéal masculin vêtu de cuir noir, le cheveu ras recouvert d’une casquette militaire, affublé d’une épaisse moustache, stéréotype qui fera florès dans les bars et dans la variété musicale internationale avec moult boys bands de la sorte marketés.

Cet auteur d’anti-pin-up rejoint, par son style impeccable et le soin accordé au modelé, nombre de collègues de la presse érotique hétéro - on pense notamment à Alberto Vargas (1896-1982).


 

Pas de méli-mélo sans maladie.
Et Dome Karukoski en traite de deux pour le prix d’une : le cancer de la gorge dont est atteint le jeune danseur amant de Tom - il faut dire que les protagonistes ne cessent de cloper durant près de deux heures - et, bien entendu, le sida, qui boucle l’âge d’or d’une liberté sans entraves. Militant à sa manière, Tom réalise des affiches ayant pour slogan : “Use a rubber”.

Nicolas Villodre
Jeune Cinéma en ligne directe

Tom of Finland. Réal : Dome Karukoski ; sc : Aleksi Bardy ; ph : Lasse Frank Johannessen ; mont : Harri Ylönen ; mu : Hildur Guonadottir & Lasse Enersen. Int : Pekka Strang, Lauri Tilkanen, Jessica Grabowsky, Taisto Oksanen (Finlande-Suède-Danemark-Allemagne-États-Unis, 2017, 116 mn).

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