home > Personnalités > Courrèges, André (1923-2016)
Courrèges, André (1923-2016)
Brève
publié le dimanche 10 janvier 2016

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Hushpuppy 2016 (Dimanche 10 janvier 2016)


 


Dimanche 10 janvier 2016

 

André Courrèges (1923-2016) est mort le 7 janvier 2016.
On le célèbre.


 

C’est vrai qu’on a adoré ses robes carrées, son optical look, et ses plastiques.
Et de ses imitateurs, tout ce qu’on trouvait à Prisunic où les stylistes se défonçaient, épanouis désormais et loin des pauvretés de l’après-guerre.

On avait complètement relégué au grenier les étoffes fluides et douces, les biais savants et les drapés de nos mères.
Et oublié les jupons crinolines, les tailles de guêpes et les seins tout pointus de la fin des années 50.

Nous nous souvenons avec émotion de la robe métallique de Joanna Shimkus. Pour les jeunes : Les Aventuriers de Robert Enrico (1967).


 

Mais ce n’est pas Courrèges qui a "inventé" la mini-jupe.
C’était dans l’air depuis quelques années, et les miniskirts venaient plutôt de Londres, plus particulièrement du "Bazaar" d’une femme, Mary Quant (née en 1934), à Chelsea.


 

Ça a commencé en 1965, et ça arrivait avec la maille des T.shirts pour tous les vêtements, préfigurant le stretch, et les bodies avant la lettre, couleur chair.


 

En France, c’est au printemps 1966, que c’est vraiment arrivé dans la rue : les filles ont commencé à montrer leurs jarrets en ville, en coupant 10 cm à leurs vieilles jupes dites "en forme", et l’hiver suivant, à leurs kilts. En 1967, la collection Courrèges proposait encore quelques jupes "au genou".

Ces mini-jupes avaient une belle allure parce qu’elles étaient portées avec des talons plats (ce qui permettait de courir dans les manifs).

On les portait, plus ou moins courtes selon l’humeur, avec ce qu’on appelait des "panties", plus proches des "shorties" que de la lingerie fine affriolante.
C’est que les miniskirts changeaient tous les comportements des femmes, comment s’asseoir, se lever, se pencher, se baisser.
Pas de culotte du tout, parfois, pour faire bicher qui était derrière soi dans les escaliers mécaniques. Mais c’était des actes isolés et ponctuels.
Mary Quant disait : "Good taste is death, vulgarity is life".
Mais toutes ses filles étaient la grâce même.


 

Plus tard, avec les bottes hautes arrivèrent les longs manteaux, l’hiver.
Pour les femmes comme pour les hommes, à chaque époque, la mode invente une allure générale, mais zoome - ostensiblement ou discrètement - sur telle ou telle partie du corps, et chacune a ses heures de gloire. Là, c’était la cuisse qui était devenue légère parce que seulement entrevue, entre la botte et le bas de la jupe, dans les mouvements du long manteau.

Dans l’esprit de Mary Quant, c’était une libération, pas une provocation ni une prison.

De nos jours, il y eut une période show off tous azimuts, jupes à ras le bonbon portées avec des talons aiguille de 15 cm, jean à taille de plus en plus basse ouvert sur le string, décolletés hyper pigeonnants, tout à la fois parfois, etc.
Une mode erratique, grossière, in-signifiante.
Qui, de plus, était contre-productive. Baisse tendancielle du taux de désir.
On sait ce qu’il advint de ces cul-de-sac, de ces excès incontrôlés.
De gros malentendus, on va dire.

Mention spéciale de l’exception Femen (ou de Lady Godiva).
La nudité utile. Là où il y a un sens, ou même seulement une intention mentale, il ne peut y avoir que de la vérité.


 

Quelle que soit l’époque, quelle que soit la mode, Éros - créature extrêmement raffinée - n’apparaît qu’aux corps munis d’un esprit.


 



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts