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A ciambra (2017)
de Jonas Carpignano
publié le mercredi 20 septembre 2017

par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2017

Sortie le mercredi 20 septembre 2017


 


Jonas Carpignano a repris le jeune Romani héros de son court métrage (déjà A ciambra) et le Burkinabé héros de son long (Mediterranea). Il était donc en pays de connaissance, toujours dans les ghettos de Gioia Tauro, gitan d’un côté, africain de l’autre.

Pour résumer l’essentiel : Pio a maintenant 14 ans, il veut faire comme les grands de sa famille, c’est-à-dire voler des voitures ou cambrioler des maisons. L’arrestation de ses aînés va lui permettre de faire ses preuves, en faisant appel à un collègue black et en multipliant les champs d’activité frauduleuses.

La justesse d’observation est toujours la même, les comportements ethniques antagoniques (Italiens vs Roms vs Blacks) montrés sans complaisance - quoique la mise à distance "objective" finisse par absoudre quelque peu les activités délinquantes : les gitans sont tous voleurs, tous les Africains trafiquent et les Italiens supervisent. Pas de jugement moral là-dessous, c’est bien ; mais à force de se passionner pour Pio, son adolescent rom, l’auteur a tendance à lui pardonner tout, même sa trahison.


 

L’approche est d’une nature identique à celle de Jean-Charles Hue dans ses "documentaires aidés", en immersion dans le milieu, d’où la vraisemblance des "acteurs", tous non-professionnels. Le problème, c’est que le réalisateur ne sait pas s’arrêter : le scénario n’est pas linéaire mais constitué d’une multitude de saynètes, dans des lieux divers, la boîte, les maisons squattées, le camp de tentes africain, la gare de Reggio, la campagne, etc.


 

Les situations montrées, tout au moins une bonne partie, n’ajoutent rien au portrait de ce gamin à la charnière de l’âge adulte, et, tout étant filmé à l’épaule (la caméra l’accompagne constamment), on finit par trouver ces promenades nocturnes un peu longues, pour ne pas dire plus.

Presque deux heures pour en arriver là où on était certain d’arriver, au dépucelage et à l’entrée dans l’univers des grands en devenant voleur à part entière, c’est beaucoup de temps suspendu.
Avec une demi-heure de moins, le tour était joué. Dommage.
Mais, après Mediterranea et ce film-ci, on peut prévoir pour le réalisateur un avenir certain.

Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe

A ciambra. Réal, sc : Jonas Carpignano ; ph : Tim Curtin ; mont : Alfonso Gonçalvès ; mu : Dan Romer. Int : Pio Amato, Koudous Seilhon, Iolanda Amato, Patrizia Amato (Italie-USA, 2017, 118 mn).

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