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Va, Toto ! (2016)
de Pierre Creton
publié le mardi 3 octobre 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 4 octobre 2017


 


Le film de Pierre Creton tire son titre de la petite localité normande de Vattetot-sur-mer, à mi-chemin entre Yport et Étretat, où celui-ci vit et travaille depuis plus de vingt ans. Cet homme de culture et, ainsi qu’il en a pris le parti après les Beaux-Arts, d’agriculture, cumule deux fonctions : le travail alimentaire en tant qu’ouvrier agricole et l’analyse d’un microcosme menacé par l’industrie.
Le protagoniste de Va Toto ! est donc l’auteur lui-même, en prise avec son quotidien, avec son voisinage ainsi que ses échappées belles vers d’autres contrées.


 

Mi-documentaire, mi-récit philosophique, le film enchaîne et enchâsse trois sujets courts, dont le fil conducteur en est l’animalité. Il débute et se clôt avec Toto, le marcassin recueilli et protégé par la voisine auquel celle-ci s’attache, comme la fillette d’Okja.


 

Une deuxième nouvelle se situe à Shimla, au nord de l’Inde, où le cinéaste suit le plasticien Vincent Barré, lequel est en proie à la phobie des singes.


 

Enfin, l’animal familier par excellence - le plus récurrent dans les réseaux sociaux - fait l’objet de la troisième fable : le chat, démultiplié par vingt.

Le style de Creton consiste à rendre lointain ce qui lui est le plus proche ; étrange, le familier ; universel, l’anecdotique.
Il réalise son film en le déréalisant, autrement dit en contredisant par la bande-son le réel qu’il nous donne à voir. Toutes les voix des personnages sont ainsi celles de comédiens professionnels - et non des moindres : Évelyne Didi, Grégory Gadebois, Jean-François Stévenin, Françoise Lebrun, Rufus.

L’usage du split screen - effet spécial d’un autre temps - donne un portrait distancié, ironique, cubiste de "Toto le héros".


 

Le montage procure du faux-rythme à la bande. On a la sensation qu’il ne se passe rien à l’écran. Ce rien, ou presque rien, est la matière même d’un travail d’observateur, de témoin, de scrutateur bienveillant qui deviendra, à terme, un objet de contemplation pour les spectateurs.

Ce film poétique et tendre sur le monde immuable du bocage et de l’animal, où tout signe de jeunesse semble avoir disparu, dégage un charme infini.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Va, Toto ! Réal, sc ; Pierre Creton ; sc : Mathilde Girard, Vincent Barré, Pierre Trividic ; ph : Pierre Creton, Léo Gil-Mena ; mont : Ariane Doublet ; voix : Françoise Lebrun, Jean-François Stévenin, Rufus, Évelyne Didi, Grégory Gadebois (France, 2016, 94 mn).

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