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École de la vie (l’) (2016)
de Maite Alberdi
publié le mercredi 15 novembre 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 15 novembre 2017


 


Alors que l’espérance de vie des personnes atteintes du syndrome de Down (ou trisomie 21) est en expansion, la société va être confrontée au problème de leur encadrement, puisque certains atteignent désormais l’âge de 60 ans.
La réalisatrice chilienne Maite Alberdi a rencontré pendant un an une bande de copains trisomiques, qui partagent les bancs de la même école depuis plus de quarante ans. Dans cette école (privée) du Chili, Anita, Rita, Ricardo et Andrés vivent et travaillent ensemble. En décidant de les filmer au quotidien (deux cents heures de rushes), la réalisatrice est parvenue à leur donner la parole et à créer un film qui témoigne de leur sensibilité et de leurs préoccupations, pas si éloignées des nôtres.


 

L’École de la vie échappe à la bien-pensance, dans la mesure où Maité Alberdi réalise un vrai film politique, qui nous oblige à réfléchir sur la condition des trisomiques, à qui on enseigne, comme il se doit, la liberté et la responsabilité. Le film commence d’ailleurs par un cours où l’enseignante leur fait bien comprendre qu’ils sont des adultes, maîtres et responsables de leur choix. Mais le reste du film prouve tout à fait le contraire - ainsi lorsque Anita et Andrés, veulent se marier, alors que la loi et leurs familles s’y opposent.

C’est en effet le problème que le film soulève, en montrant des adultes trisomiques qui ont tous des rêves, mais ne peuvent les réaliser. Il s’agit ici d’un véritable paradoxe car l’institut dans lequel ils travaillent les considère comme des adultes responsables, au contraire de la loi qui les tient pour des enfants, quels que soient leurs raisonnements et leur intelligence pratique.


 


 

Sans sombrer dans le pathos ni les bons sentiments, Maite Alberdi souffle un air nouveau sur ce monde fermé.
Les rares trisomiques qu’on a pu voir à l’écran (Pascal Duquenne, prix d’interprétation à Cannes 1996 pour Le Huitième Jour de Jaco van Dormael), n’étaient qu’une sorte d’alibi. Ici, ils sont présentés comme un univers intégré, avec ses règles, ses coutumes, non exemptes des défauts qui régissent la vie des autres citoyens (comme le machisme ou la manipulation des votes).


 

Mais ce documentaire passionnant possède un humour incroyable, servi par un réel talent de mise en scène et une manière de filmer les "acteurs" en mettant comme en une parenthèse floue les formateurs ou les parents qui les entourent. Un film remarquable.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

L’École de la vie (Los niños). Réal, sc : Maite Alberdi ; ph : Pablo Valdès ; mont : Menno Boerema & Juan Antonio Murillo ; mu : Miguel Miranda & José Miguel Tobar. Int : Rita Guzman, Andrès Martinez, Ana Rodriguez, Ricardo Urzua (Chili-Pays-Bas-France 2016, 82 mn). Documentaire.

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