Le Facebook d’Antoine
Pour le plaisir des amateurs en ligne 44
publié le vendredi 1er décembre 2017

À complot, complot et demi
Jeune Cinéma en ligne directe


 


Facebook, lieu privé, lieu public.


 

Facebook, machine à fabriquer des communions illusoires.
Faut bien remplacer les religions et les nationalités d’autrefois.

Merci à Pawel Kuczynski et à quelques autres, John Holcroft, Asaf Hanuka...

Facebook, Big Brother manipulateur.

[…]
Je fondais aussi de grands espoirs sur Manuela Ocampo, une jeune Espagnole que j’avais rencontrée deux ans plus tôt, quand j’avais commencé à m’intéresser aux réseaux sociaux. Élève à Harvard en même temps que Mark Zuckerberg, elle avait été un des premières utilisatrices de Facebook, à l’époque où le site était confié aux universités.
En trois semaines à peine, la moitié de Harvard s’était dotée d’un profil.

[…]

Désormais basée à Barcelone, elle formait les agents européens aux ficelles de Facebook, leur apprenant comment réunir 50 000 noms sur une page réclamant la libération d’un touriste autrichien détenu au Cambodge ou faire s’effondrer les ventes d’une marque de laitage en répandant la rumeur qu’on avait trouvé des traces de cyanure dans ses yaourts aux fraises.

Elle contrôlait directement 25 000 profils bidon. À raison d’un millier d’amis par tête de pipe, elle pouvait toucher 25 millions de personnes en un clic, assez pour faire basculer le résultat d’une élection, ruiner la réputation d’une personnalité ou décupler les dons en faveur de la recherche sur une obscure maladie orpheline.
Facebook estimait le nombre de faux profils à 5 ou 10% de sa base d’utilisateurs : selon Manuela, le chiffre réel frisait les 20%.

[...]

Antoine Bello, Les Producteurs, Paris, Gallimard, 2015.

Comment vous ne connaissez pas Antoine Bello ?

Programme de lecture :
Les Falsificateurs (2007), Les Éclaireurs (2009), Les Producteurs (2015) et le petit dernier : Ada (2016), moins touffu, plus elliptique, plus pédagogique.

Ces livres vous transformeront en paranoïaques de la belle espèce.
Mais les paranoïaques sont ceux qui ont tout compris.
Et, comme on le sait, il faut, de temps en temps, aller faire un tour du côté sauvage.

JC en ligne directe

Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts