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Long Excuse (the) (2016)
de Miwa Nishikawa
publié le mardi 28 novembre 2017

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 29 novembre 2017


 


C’est un film sur la perte et le deuil. En pensant aux drames déclenchés par le tsunami de 2011, Miwa Nishikawa a d’abord écrit un roman, pour bien s’imprégner de ses personnages, puis est passée à la réalisation de son cinquième long métrage.

Elle montre l’itinéraire d’un écrivain célèbre, Sachio, interprété par le beau Masahiro Motoki, aux airs de Sami Frey, qui perd sa femme dans un accident d’autocar. Sachio est alors un homme blasé par son succès, qui ne s’implique pas vraiment dans ce qu’il écrit et trompe Natsuko, son épouse.


 

Le film débute par une scène troublante : avant de partir en voyage avec sa meilleure amie, Natsuko (Eri Fukatsu) lui coupe les cheveux. En quelques images, on en apprend beaucoup sur leur relation, le métier de Natsuko et la veulerie de Sachio. Mais, peu après, lorsqu’il apprend que sa femme est morte, son bus tombé dans un lac gelé, sa vie change complètement.


 

Apparemment, il ne parvient pas à être triste, semble même indifférent à ce qui lui arrive. Mais l’attitude de Yoichi, dont l’épouse est également morte dans l’accident, va le bouleverser. C’est en se rapprochant de cet homme inconsolable que Sachio va comprendre ce qu’est l’amour, ce que sont les enfants, en fait ce qu’est la vie. Il bascule dans un autre monde, celui des relations véritables, des difficultés rencontrées juste pour tenter de vivre, ou quelquefois seulement survivre. Le blasé, le tombeur, l’artiste, va comprendre, à travers le maladroit Yoichi et ses jeunes enfants dignes, combien il est parfois difficile de continuer à vivre quand on a perdu un être cher. Cette situation le transformera et le rapprochera finalement de Natsuko.


 

Le film ne raconte pas à proprement parler une histoire, il observe les relations humaines. Ce portrait d’un homme, pris dans une douleur faite de culpabilité et de terreur devant l’inéluctable, est aussi une image de la vie au Japon, où le deuil ne se fait pas de la même manière qu’en Occident : pour cette société pétrie de réserve, la douleur bruyante de Yoichi peut paraître choquante, voire incompréhensible.


 

Assemblage de scènes d’intérieur, de conversation ou de disputes, The Long Excuse est remarquablement servi par des acteurs qui jouent sur deux plans, parfois improvisant, parfois interprétant les dialogues écrits par la réalisatrice-scénariste. C’est cet équilibre qui fait la force du film, belle parabole sur l’amour et la mort.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

The Long Excuse (Nagai iiwake). Réal, sc : Miwa Nishikawa ; ph : Yutaka Yamazaki ; mont : Ryuji Miyajima ; mu : Michiaki Katoh, Toshihiro Nakanishi. Int : Masahiro Motoki, Pistol Takehara, Eri Fukatsu, Kenshin Fujita (Japon, 2016, 124 mn).

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