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Makala (2017)
de Emmanuel Gras
publié le mercredi 6 décembre 2017

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 6 décembre 2017


 


Makala signifie "charbon" en swahili.
C’est aussi le titre du deuxième long métrage de Emmanuel Gras en tant que réalisateur, cinq ans après le remarquable succès de Bovines. Tandis que ce premier film nous présentait dans le bocage normand, la "vraie vie des vaches", Makala a un humain pour héros, le jeune père de famille vivant dans un village proche de Kolwezi, en République démocratique du Congo qui cherche à améliorer le sort des siens en faisant commerce de charbon de bois.

La caméra mobile de Gras le suit pas à pas dans son humble tâche, qui va de l’abattage d’un arbre à la transformation du bois en combustible, en passant par le débitage, la fabrication d’un four destiné à l’assécher et le fumer, le transport d’une impressionnante cargaison, non pas sur une bête de somme, mais à dos de vélo.


 


 

L’ethnofiction prend alors l’allure d’un road movie à la succession d’épreuves sur les chemins, puis les pistes trouées d’ornières, de sillons et de failles, dans une circulation infernale embrouillant poids lourds, motocyclettes et autos tout aussi précaires, mais s’octroyant tous les droits. L’homme, drivant son fardeau à l’aide d’une branche faisant office de gouvernail, louvoie entre Charybde et Scylla. Une fois parvenu à destination, après un travail de féroce marchandage, le gain escompté se réduit à néant.


 

À travers cette parabole, filmée au plus près, avec une extrême attention portée aux détails, Emmanuel Gras décrit les conditions de vie actuelles dans un pays en dérive. On découvre une "terre gâte", ravagée précisément par la déforestation et le brûlis. Les animaux, sauvages ou domestiques, ayant presque tous disparu, la famille en est réduite à manger du rat. Le film ne montre pas non plus de solidarité sociale au sein du village.


 

L’auteur n’insiste pas sur la catastrophe environnementale que son film donne à voir ; il ne commente du reste jamais ce que le spectateur ne peut que constater ou ressentir ; il ne juge pas. Aucune issue autre que la foi n’est du reste proposée.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Makala. Réal, sc, ph : Emmanuel Gras ; mont : Karen Benainous. Int : Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo (France, 2017, 96 mn).

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