par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°381, été 2017
Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2017
Sorties le mercredi 6 décembre 2017
Reza et sa femme Hadis vivent avec leur fils dans une maison éloignée de la ville dans les environs de Téhéran, littéralement posée au milieu d’un cours d’eau. L’eau est une présence importante et vitale et un des éléments du film, Reza y élève dans des bassins des milliers de poissons rouges qui miroitent au soleil. Sa femme dirige l’école musulmane de la ville la plus proche, ils vivent très modestement et payent avec difficulté des intérêts à la banque.
Le film dépeint, selon une continuité narrative simple, l’infiltration lente et sournoise de la corruption au sein de la famille, à travers les pratiques mafieuses de pot-de-vin et d’intimidation sans lesquelles il est impossible de s’en sortir en Iran.
Pas d’échappatoire, les visages des deux protagonistes expriment la colère, la honte, la désespérance, mais dans leurs yeux, se lisent les inéluctables compromis qui leur sont imposés pour survivre.
Abbas, celui qu’il croyait atteindre dans leur lutte, s’avère ne pas être la cause directe de leur malheur et ils découvrent pire que cela, un marché épouvantable auquel ils seront confrontés après avoir tout perdu.
Une scène magistrale, celle du vol des rapaces noirs au-dessus des poissons rouges morts à la surface de l’eau, s’avère quasi hitchcockienne, par la violence des cris et la fureur gestuelle qui s’y exprime, allégorie de la puissance d’un pouvoir sur le peuple anéanti.
Mohammad Rasoulof, déjà auteur de cinq films, se bat toujours, comme Jafar Panahi, avec les autorités gouvernementales pour pouvoir tourner. Il est condamné à la prison, surveillé, censuré et vit dans son pays en liberté sous caution.
Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°381, été 2017
Un homme intègre (Lerd). Réal, sc : Mohammad Rasoulof ; ph : Ashkan Ashkani ; mont : Mohammedreza Muini & Meysam Muini ; mu : Peyman Azdanian. Int : Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee (Iran, 2017, 117 mn).