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Baby Boy Frankie (1961)
de Allen Baron
publié le samedi 15 juillet 2006

par Philippe Piazzo
Jeune Cinéma n°303-304, juillet 2006

Sélection du festival de Cannes 1961 (Marché du film)

Condensé de film noir.
Naître et mourir, et au milieu ?
Survivre.

Dans un monde de tueurs, de femmes assassines, d’amis réversibles… Frankie, tueur à gages, parcourt New York pour exécuter une dernière mission.
C’est l’hiver ; la ville est comme son corps, déserte et froide.
Seules balises dans ce labyrinthe, les mots dont Frankie se saoûle. Pour se souvenir, tenir, comprendre… et tirer un trait, finalement, sur sa vie - trajet tracé d’un seul trait violent qui condamne les "babies" qui ne savent pas grandir à s’exclure du jeu.
La voix intérieure de Frankie l’accompagne et ne nous quitte plus, mauvaise conscience, œil de Dieu, chœur antique et expression de l’angoisse paranoïaque des hommes.

Totalement inconnu, et inédit, Baby Boy Frankie , tourné en 1961, est une fulgurante découverte, que l’on doit à Ronnie Chammah.

Depuis plusieurs étés, Ronnie Chammah fait réapparaître sur grand écran de beaux films oubliés comme Wanda de Barbara Loden, La Fille à la valise et Un été violent de Valerio Zurlini.
La surprise est d’autant plus grande que Allen Baron, le cinéaste (qui joue aussi le rôle principal) n’a guère fait parler de lui avec ses quatre réalisations suivantes et que ses titres de gloire se nomment La croisière s’amuse, Drôles de dames, L’Île fantastique, etc.

Or, Baby Boy Frankie, tout en restant dans les codes du genre, réserve d’étonnants virages de mise en scène.
Les premières images nous extraient de l’obscurité d’un tunnel : naissance-express de Frankie, avec la caméra qui file à l’allure d’un train lancé à toute vitesse.
Certains plans de New York au petit matin font penser au Cassavetes noir et blanc de Shadows et Too Late Blues.
La fin se déroule dans un décor à la fois réaliste (les docks) et cauchemardesque (de l’eau, des baraques, des silhouettes désincarnées - un avant-goût de l’enfer).

Pas un chef-d’œuvre, mais assurément la plus belle surprise de l’été, avec, en prime, un prestigieux parrainage ("One of my favourite New York city films"), celui de Martin Scorsese.

Philippe Piazzo
Jeune Cinéma n°303-304, juillet 2006

Baby Boy Frankie (Blast of Silence). Réal : Allen Baron ; sc : A.B., Mel Davenport ; ph, mont, pr : Merrill S. Brody ; mu : Meyer Kupferman ; mont : Peggy Lawson. Int : Allen Baron, Molly McCarthy, Larry Tucker, Peter Clume, Danny Mechan (USA, 1961, 77 mn).

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