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No Country for Old Men (2007)
de Joel & Ethan Coen
publié le mercredi 27 décembre 2017

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 310-311, été 2007

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2007

Sorties les mercredis 23 janvier 2008 et 27 décembre 2017


 


Que les frères Coen soient repartis de Cannes sans rien dans leur musette est assurément un scandale. Certes, il ont déjà tout gagné là-bas et décrocher une médaille n’aurait fait qu’encombrer supplémentairement leur dessus de buffet. Mais à défaut d’une nouvelle Palme ou d’un Prix de la mise en scène, tous les deux mérités, le Prix du 60e anniversaire leur serait allé comme un gant, plutôt qu’à un Gus Van Sant gentil, sans plus.

Car leur adaptation de Cormac McCarthy est ce qu’ils ont signé de plus fort depuis Fargo, (1996) dans le genre transgenre, mi-western, mi-polar, mi-thriller, alliant subtilement violence extrême, humour noir décalé, métaphysique et cynisme désenchanté. Sans aller jusqu’à y déceler, comme Le Monde, une version neuve du Septième Sceau (1957), on en appréciera l’aspect à la fois terrifiant, drôle, sanglant, et crépusculaire.


 


 


 


 

Le film situe son argument à la fin des années soixante-dix, époque où basculent les cadres anciens, où se répand la drogue et une nouvelle organisation de la violence. Le shérif Tommy Lee Jones, son adjoint, ses collègues, tous traînent la conscience désabusée de cette fin de partie - jusqu’à démissionner et ne plus avoir à affronter que l’ennui, ultime.


 

Et le Mal triomphe : le pire des tueurs psychopathes vus depuis longtemps (Javier Bardem est extraordinaire) disparaît tranquillement vers des temps nouveaux, après avoir achevé son nettoyage.


 

Quant au reste, la mallette de billets transportés par Josh Brolin d’un motel à l’autre, les tueurs qui se poursuivent, la randonnée sauvage de l’Éxécuteur, tout s’organise à travers une narration elliptique et buissonnière, tendue et foisonnante, toujours aussi surprenante à la troisième vision.


 

Pour saisir ce que peut signifier une "mise en scène", la séquence de la découverte du premier carnage, et son alternance de plans généraux, plans d’ensemble, panos à 360° et travellings sans esbroufe, est un modèle d’efficacité digne d’une masterclass.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n° 310-311, été 2007


No Country for Old Men. Réal, sc : Joel & Ethan Coen, d’après Cormac McCarthy ; ph : Roger Deakins ; mont : Joel & Ethan Coen ; mu : Carter Burwell. Int : Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin, Woody Harrelson, Kelly Macdonald, Garret Dillahunt (USA, 2007, 122 mn).



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