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Échappée belle (l’) (2017)
de Paolo Virzi
publié le mercredi 3 janvier 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 384, décembre 2017

Sélection de la Mostra de Venise 2017

Sortie le mercredi 3 janvier 2018


 


Pour échapper à l’hospitalisation dûe à leur grand âge, Ella (Helen Mirren) et John Spencer (Donald Sutherland) s’enfuient à bord de leur vieux camping-car,
L’Échappée belle. Bouleversés par la fugue de leurs parents, les enfants tentent de retrouver leur trace. Mais Ella et John sont déjà loin, emportés dans un road-movie hasardeux sur les routes du sud de la Floride, de Miami à Key West, en quête de souvenirs heureux et du lieu de naissance de Ernest Hemingway, la passion littéraire de John.


 


 

Paolo Virzi réalisateur italien, auteur de La bella vita (1994), Grand Prix du Jury à Venise avec Ovosodo (1997) et enfin lauréat du Prix Sergio Leone du festival d’Annecy en 2008 pour l’ensemble de son œuvre, filme ce couple, lié par un amour indéfectible, en proie aux souffrances et aux humiliations de la vieillesse et de la maladie.

Malgré une narration peu inventive, ponctuée de rencontres prévisibles et assez convenues, il règne dans cette folle échappée une grande tendresse et un attachement réel aux personnages. Virzi s’intéresse aux situations aléatoires et précaires et à la fragilité des êtres.


 

Le doux regard de Helen Mirren rayonne sur les événements, même face au cancer qu’elle affronte avec courage. Quant à Donald Sutherland, l’oubli grignotant son esprit, il est joyeux de bout en bout, tant il semble ignorer ce qui l’attend. Complètement ailleurs, obsédé par Hemingway, il interpelle les uns et les autres et se plaît à raconter l’œuvre et le triste destin de l’écrivain.


 

Le film témoigne d’un temps volé et gagné sur la terreur de l’enfermement d’un hôpital, d’un temps qui s’étire et se déguste avec gourmandise, d’un temps sans chronologie, où les images du passé redeviennent soudain actuelles, images de plaisir et de moments suspendus où parfois se confrontent et surgissent les vieux démons, trahisons, tromperies et fâcheries.
Dans le genre réaliste, aucun détail n’est épargné, chacun s’efforce de paraître indemne, en pleine force de l’âge et en possession de ses moyens, dans un voyage idyllique et tragique à la fois. Voyage sans retour, car à l’instar de Hemingway, Ella et John choisiront le suicide.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 384, décembre 2017

L’Échappée belle (The Leisure Seeker). Réal, sc : Paolo Virzi ; sc : Francesca Archibugi, Francesco Piccolo, Stephen Amidon, d’après Michael Zadoorian ; ph : Luca Bigazzi ; mont : Jacopo Quadri ; mu : Carlo Virzi. Int : Helen Mirren, Donald Sutherland, Christian McKay, Janel Moloney, Dana Ivey, Dick Gregoey (France-Italie, 2017, 112 mn).

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