Belinda, que l’on suit depuis qu’elle a 9 ans grâce à la caméra experte de Marie Dumora, a bien grandi. La voici maintenant à 23 ans, folle amoureuse d’un taulard, Thierry, avec ses beaux yeux bleus, qu’elle s’apprête à épouser pour ne plus jamais le quitter.

C’est en 2000, à la fin du tournage de Tu n’es pas un ange, que la réalisatrice fit la connaissance, dans un foyer, de Belinda, 9 ans, et de sa sœur Sabrina, 10 ans, dont elle ne voulait pas être séparée. "Belinda était une enfant solaire, joyeuse, elle avait ce petit côté Paulette Goddard, avec cette grâce des personnages de Chaplin, si fortement ancrés dans le présent" déclare Marie Dumora.

En 2000, elle tourne donc Avec ou sans toi avec les deux sœurs, puis, en 2004, Emmenez-moi, deuxième volet, où l’on retrouvait le petit ami de Belinda, rencontré lors du tournage du film précédent et qui ratait son CAP.
Ces films, même s’ils dépeignent des personnages à la marge, ne sont en rien misérabilistes. Ces personnages sont tellement vivants, prêts à tout redémarrer à chaque fois, qu’ils intriguent et émeuvent.

Belinda est issue d’une famille de Yéniches, ces gitans sédentarisés d’Alsace, qui ont une vie dure et ne se plaignent jamais, vivant entre eux sans mendier. C’est grâce à cette famille que Marie Dumora s’est intéressée de plus en plus aux gitans et autres gypsies, auxquels elle a consacré deux autres films : La Place chez les Manouches (2012) et Forbach forever (2015).

Belinda, avec ses petits airs de Béatrice Dalle, est une star qui ne le sait pas. Elle crève l’écran et parcourt tout le film avec un naturel admirable, toujours heureuse et douce, raisonnable et affectueuse, préparant son mariage avec précision et détermination. Pour aller épouser son amoureux en prison, elle traverse tout le village dans sa belle robe blanche, séquence d’une grande force qui constitue le moment-clé du film.

Par son charisme et son histoire, Belinda est une héroïne, "au sens grec du terme, lorsque les héros affrontent leur destin sous le regard des dieux." Et, comme eux, Belinda ne ploie pas, ne perd jamais espoir, même si sa vie danse sur la lisière de la légalité. Elle est pure, entière et passionnée, comme dans ses tête-à-tête avec son amoureux, Thierry, un Yéniche comme elle.
Belinda est un film fort, poignant et tranquille qui permet de se sentir en harmonie avec une population trop souvent méprisée.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Belinda. Réal, sc, ph : Marie Dumora ; mont : Catherine Gouze (France, 2017, 107 mn). Documentaire.