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Müller, Heiner (1929-1995)
Brève
publié le samedi 13 janvier 2018

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Louise Wimmer (Mardi 9 janvier 2018)


 


Mardi 9 janvier 2018

 

Bon anniversaire à Heiner Müller (1929-1995), l’éternel ossi.
Il a aujourd’hui 88 ans et il est un peu oublié.
Pourtant, il a été très aimé en France, et très joué.
Traduit et introduit par Jean Jourdheuil avec son Hamlet Machine, en 1979, en première mondiale au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, il n’a plus cessé d’être à l’avant garde du théâtre jusqu’à sa mort, à 66 ans.


 

Il a cumulé les prix littéraires de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, il était considéré comme le dramaturge héritier ("post-moderne", il allait sans dire en ce temps-là) de Bertolt Brecht.

En 2009, on a fêté ses 80 ans et depuis, il traverse son désert, tranquille, dans ces nouveaux temps. Il pourrait bien réapparaître, détourné et réinterprété, au détour de quelque nouvelle relation "Est-Ouest", Allemagne-Russie, ou tout simplement dans une année creuse en commémoration.

Heiner Müller disait : Sur scène, vous avez besoin d’un ennemi. L’histoire allemande est mon ennemi, et je veux regarder dans le blanc de ses yeux. Mais, comme le dit Village Voice, "Müller est maintenant devenu une partie de l’histoire allemande".


 

C’est là qu’on voit combien le théâtre est peu intéressé par Internet. Le wikipedia de Müller est lacunaire, occultant Jourdheuil, et tous ceux qui furent les premiers interlocuteurs de Müller.
Ça déforme la mémoire, ça déforme l’histoire. À travers Wikipedia, œuvre du peuple pour le peuple par le peuple, dictionnaire "démocratique", on voit, à l’œuvre, les anamorphoses, les disproportions et les mirages, et on ne s’étonne plus que la transmission entre générations se fasse si mal.

Heureusement qu’il y a l’INA, qui l’a enregistré à Avignon en 1989.

Et France Culture.

Ou de riches sites sur lesquels on tombe par hasard.

Et quand même quelques traces de la parole de Jean Jourdheuil.

Heureusement qu’il reste, encore, quelques bibliothèques, privées et publiques.
Mais les revues et les livres sont, poussiéreux, en haut des étagères, ou à la cave. On n’a pas le temps d’aller les retrouver. Et si peu de souvenirs transmissibles des spectacles vivants, qu’on en vient à regretter ces captations de spectacles, si hautainement dédaignées, lors de leurs apparitions, dans les années 1980.

J’étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA, dans le dos les ruines de l’Europe, disait le Hamlet de Müller.


 

Bonnes lectures, pour commencer :

* Heiner Müller, Hamlet Machine, Minuit, 1979.


 

Et quelques numéros spéciaux de la revue Théâtre/Public.

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