Marie Noelle a commencé sa carrière en collaborant dès 1979 aux films de Peter Sehr. Elle a créé avec lui une société, P’Artisan Filmproduktion, avec laquelle elle a monté ce biopic consacré à Marie Curie. Auparavant, elle avait tourné Je me raconte un homme (1995) et La Femme de l’anarchiste (2007), prix pour la Paix du cinéma allemand. En 2012, ils réalisent ensemble Ludwig II.

Dans un tourbillon d’images, elle brosse le portrait de cette femme exceptionnelle que fut Marie Curie (Karolina Gruszka), durant la période de 1905 à 1911, moment où elle perd Pierre (Charles Berling), l’amour de sa vie. Le film met très bien en lumière la passion amoureuse avec Pierre - un plaisir volé au temps -, l’éducation de leurs deux filles et leur acharnement commun dans la recherche scientifique. Une passion dévorante, qui entraîne le couple dans un travail sans fin, jusqu’à la mort accidentelle de Pierre, qui marque pour elle, en tant que femme, en ce début du 19e siècle, une étape cruelle.

Elle devra résister, se relever et poursuivre seule les recherches, qui la mènent à la découverte du radium et de la radioactivité. Le film en montre tous les méandres et les difficultés imprévues ; la presse s’acharne parce qu’elle vit un autre amour avec Paul Langevin, chercheur célèbre et ami de Albert Einstein, mais elle s’obstine et gagne le pari de la résistance. Première femme docteur en physique, première femme professeur à la Sorbonne, première femme deux fois prix Nobel et, enfin, première femme à entrer au Panthéon. Un palmarès jamais égalé.

Marie Noëlle pratique un cinéma romanesque avec tout ce que cela comporte de bouleversements, d’affolements, de désarrois dans une vie agitée et riche où flotte toujours l’émotion.

Les séquences de travail au laboratoire sont extrêmement bien restituées, la lumière règne dans l’espace comme des éclairs de génie. Le film donne une idée forte du pouvoir et de la censure des hommes dans les institutions et de la quasi impossibilité - sauf exception comme celle-ci - de s’élever en tant que femme.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 384, décembre 2017

Maria Curie. Réal, sc, mont : Marie Noelle ; sc : Andrea Stoll ; ph : Michal Englert ; mont : Lenka Fillnerova, Hans Horn, Isabelle Rathery ; mu : Bruno Coulais. Int : Karolina Gruszka, Charles Berling, Arieh Worthalter, Izabela Kuna, Malik Zidi, André Wilms, Daniel Olbrychski, Marie Denarnaud (Pologne-Allemagne-France, 2016, 95 mn).