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Gaspard va au mariage (2017)
de Antony Cordier
publié le mercredi 31 janvier 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 31 janvier 2018


 


Voici le troisième film de Antony Cordier, après Douches froides prix Louis-Delluc en 2005 et Happy Few en 2010.

Pour ce dernier film, il provoque encore le spectateur, en tentant de montrer quelle est la frontière entre l’homme et l’animal. Et pour cela, il installe son film dans le véritable décor naturel d’un zoo de province. Gaspard, l’un des trois enfants du directeur, se rend à la noce de mariage de son père, alors qu’il n’a pas vu sa famille depuis longtemps. Loser solitaire, petit réparateur d’ascenseurs à Bruxelles, il paie une fille rencontrée dans le train pour qu’elle lui serve de cavalière. Rien ne va se passer comme prévu, évidemment.


 

Le décor est planté, les personnages prêts à l’action. Le personnage du père, Max, est inspiré de Claude Caillé, créateur du zoo de la Palmyre.
Était-il aussi coureur que lui, qui a multiplié les aventures, avant et après la mort de sa femme, tuée par des tigresses ? La vétérinaire, la toujours excellente Marina Foïs, ne sait toujours pas si elle l’épousera, à quelques jours de la noce.


 

Les autres protagonistes sont presque tous aussi délirants, entre la sœur amoureuse de son frère Gaspard et qui vit, telle Peau d’Âne, revêtue de la peau de son ours favori, et le frère (Guillaume Gouix) amoureux fou d’une tatoueuse hyper-tatouée.


 

Félix Moati, dans le rôle titre, affirme un talent de plus en plus évident, et Laetitia Dosch, sa compagne improvisée, est aussi convaincante que dans le récent Jeune femme de Léonor Serraille. Quant au père, Johan Heldengergh, il est saisissant de naturel, acceptant de se montrer nu trempant dans un grand aquarium pour soigner son eczéma grâce à des poissons.


 

On rit et l’on sourit à quelques scènes, dans ce zoo qui n’a pas été fermé pendant le tournage. On est étonné par certaines idées visuelles, notamment le squelette de cheval au-dessus de la cheminée de la belle maison du directeur du zoo.

Antony Cordier aime capturer les corps en images, les érotiser et intervertir les codes, en faisant travailler ses acteurs au plus proche de leurs possibilités physiques, un peu comme le fit Pedro Almodovar pour En chair et en os.
Si le but de Gaspard va au mariage (un titre à la manière des Martine…) est d’étonner, voire de provoquer, c’est réussi, même si on éprouve parfois le sentiment d’une sorte de bric-à-brac un peu factice.


 

"J’aime bien les choses scabreuses, déclare le réalisateur, mais surtout qu’on n’en fasse pas tout un plat."
À déguster avec plaisir.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Gaspard va au mariage. Réal : Antony Cordier ; sc : Antony Cordier, avec la collaboration de Julie Peyr & Nathalie Najem ; ph : Nicolas Gaurin ; mont : Christel Dewynter ; mu : Thylacine. Int : Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Théret, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix, Marina Foïs (France-Belgique, 2017, 105 mn).

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