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Human Flow (2017)
de Ai Weiwei
publié le mercredi 7 février 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Mostra de Venise 2018

Sortie le mercredi 7 février 2018


 


Un flot de foules humaines traverse la Terre, il vient de partout, il prend la route, toutes les routes. Images affolantes de peuples en fuite, images terrifiantes de souffrance humaine, images frontales d’êtres humains contraints de quitter leur pays. Sur leurs visages, le désespoir, la douleur, l’effroi. Pays à feu et à sang, humanité déchirée et massacrée, sous le pouvoir des des dictatures, fuyant les bombes, la faim et la misère et à présent le climat.
Autour de ces flots de foules humaines : frontières, hauts murs, chiens de garde et policiers, camps de réfugiés, et plus tragique encore l’immensité de la mer, pour certains leur cimetière.


 


 

Ai Weiwei filme, il enregistre, capte, documente, observe ; il tourne plus de mille heures de rushs, des milliers d’images à travers vingt-trois pays parcourus, traquant l’égarement contraint et forcé de l’humanité.


 

Deux heures et vingt minutes durant lesquelles la réalité du monde actuel franchit un tournant dramatique, tournant dont le spectateur se trouve être le témoin immobile et silencieux, entraîné dans le cauchemar sans fin du naufrage de l’humanité tout entière, face aux fléaux et au péril de l’avenir.


 

Que peut le cinéma devant cette puissance d’images "vivantes", face caméra ?
Face aux situations poignantes, l’esthétisme est souvent mis en exergue et utilisé comme arme contre l’oppression ; le cinéma, comme la photographie, montrent que la beauté réside dans le tragique et la misère.

Ai Weiwei n’échappe pas à la règle, son film regorge d’images esthétiquement belles, celles de la profusion des foules en marche, celles des regroupements d’individus emmaillotés de couvertures de survie d’or et d’argent, celles de paysages du bout du monde où s’entrecroisent grilles et barbelés, celles de territoires désertiques enfumés d’explosions, traversés soudain par une vache noircie, seule survivante.


 

Aucune fiction, pas de personnage principal, si ce n’est - et c’est irritant - l’artiste lui-même, qui se met en scène auprès des réfugiés.
Se mêlent à l’intervention des responsables du Haut Commissariat pour les réfugiés des différents pays, quelques extraits d’articles de presse et la parole de poètes turcs, afghans, syriens.


 


 

Aucune référence à la politique des pays ni à leur régime, aucune prise de parole sur les tenants historiques et géopolitiques : l’apolitisme est gênant dans ce film, mais celui-ci oblige à voir, simplement et entièrement, la situation des réfugiés. À voir et à comprendre ce qu’est leur vie. Vision horrible dont on se relève difficilement, paralysé et meurtri par l’incapacité d’agir, la culpabilité profonde ou la colère violente.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Human Flow. Réal : Ai Weiwei ; sc : Boris Cheshirkov, Tim Finch, Chin-Chin Yap ; mont : Nils Pagh Andersen ; mu : Karsten Fundal (Alemagne-USA-Chine, 2017, 140 mn). Documentaire.

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