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Vivir y otras ficciones (2016)
de Jo Sol
publié le mercredi 7 février 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 7 février 2018


 


"Depuis son entrée fracassante au Festival de San Sebastian avec son film El taxista ful, nous nous sommes rendu compte que le regard de Jo Sol était l’un des plus personnels et indépendants du cinéma espagnol", a déclaré Nuria Vidal (1).

Pour son quatrième long métrage, on retrouve Jo Sol, abordant avec verve et courage la sexualité des personnes handicapées moteur. En se penchant sur le cas d’Antonio, écrivain et tétraplégique, qui veut jouir d’une sexualité épanouie, le réalisateur donne la parole à un homme qui impose son choix comme vital et même politique. Tout est à inventer et le danger que cela soit récupéré n’est pas à négliger.


 

Pourtant, ce n’est pas aussi facile pour l’entourage proche d’Antonio, notamment son aide-soignante et son assistant de vie, mais même pour son ami Pepe : l’aide sexuelle apportée par une professionnelle peut s’apparenter à de la prostitution. Ce constat ne pose pas seulement un problème d’ordre moral, mais aussi juridique car cette activité chez lui pourrait le faire accuser de proxénétisme aggravé. Mais apparemment rien ne peut arrêter Antonio qui, malgré son lourd handicap, est décidé à se battre pour obtenir gain de cause.


 

Le film se pose sur la lisière entre documentaire et fiction. Il n’hésite pas à montrer des corps avec une crudité qui pourrait passer pour de la provocation ou du voyeurisme, même s’il n’en est rien.


 

Vivir… fait écho au film de Rémi Lange, Devotee (2009) qui mettait également en scène la sexualité et le désir de personnes handicapées, pour la plupart homosexuelles. Notre époque explore tous azimuts le corps et le désir, mais l’équilibre n’est pas encore facile à trouver. L’axe choisi ici est celui d’une recherche à la fois de jouissance, mais aussi d’une certaine forme d’amitié, symbolisé par la rencontre d’Antonio et de Pepe, récemment sorti d’un hôpital psychiatrique, lui-même à la recherche de l’amour de son fis et qui, peu à peu, se mettra à accepter de chanter enfin un flamenco.


 

C’est sur cette image pleine d’espoir que se termine ce film qui, par son regard et son style, mais surtout par le jeu des "acteurs" et leur naturel, s’impose, entre coup de poing et réflexion. Une véritable leçon de vie et de cinéma. "Sous ses apparences trompeuses de documentaire, Vivir y otras ficciones est un formidable essai cinématographique sur la solidarité, le militantisme et les utopies libertaires, qui met en scène l’amitié entre deux hommes fragilisés par la vie", déclare Loic Diaz Ronda (2). On lui donne entièrement raison.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Nuria Vidal, critique de cinéma et écrivain.

2. Loic Diaz Ronda, directeur du festival Cinespaña.


Vivir y otras ficciones. Réal, sc : Jo Sol ; ph : Afra Rigamonti & Jordi Solé ; mont : Afra Rigamonti ; mu : Nino de Etche. Int : Pepe Rovira, Antonio Centeno, Arantzaru Ruiz, Marcos Rovira Makoki (Espagne, 2016, 81 mn).



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