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Fête est finie (la (2017)
de Marie Garel-Weiss
publié le mercredi 28 février 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Sortie le mercredi 28 février 2018


 


La fête est finie, mais avait-elle commencé ?
Le premier long métrage, prometteur et largement autobiographique, de Marie Garel-Weiss ne présente pas l’addiction à la drogue comme un phénomène de mode ou de révolte, mais bien comme une maladie, un besoin morbide dont on doit tenter par tous les moyens de se défaire.

Le film raconte l’arrivée dans un centre de désintoxication de Céleste, 19 ans, qui va y faire la rencontre de sa vie, celle de Sihem, belle jeune fille, paumée comme elle, mais différemment. Sur cette trame délicate et fragile va s’exercer le talent de la jeune réalisatrice, servie par deux magnifiques actrices, Zita Hanrot, découverte dans Fatima de Philippe Faucon en 2015, et Clémence Boisnard (répérée dans une boîte de nuit par l’assistante du casting). Toutes deux font merveille pour exprimer, chacune à sa manière, le désespoir et la rage des toxicomanes.


 

Le film est découpé en deux parties distinctes : d’abord le centre de cure où leur amitié exclusive est mal vécue par les autres pensionnaires et la direction, puis finalement rejetée ; ensuite le monde réel et leur difficulté pour résister à la drogue et tenter de survivre.


 

Marie Garel-Weiss, réalisatrice de deux courts métrages, est aussi scénariste (1). On retrouve sa touche dans ce scénario simple, mais qui analyse finement les errements humains, dans des allers et retours sur ces jeunes filles paumées et leurs familles respectives.


 


 

Sihem, d’origine maghrébine, à la fois rejetée et adorée par ses parents, aurait pu, comme ses sœurs, faire une belle carrière dans la justice. Céleste a rejeté sa mère, l’a agressée pour lui voler un collier afin de se droguer, et elle la retrouve vers la fin lorsqu’elle devient (très vite, trop vite ?) clean.

C’est en effet la limite de ce bon premier film : le happy-end coûte que coûte. Céleste, enfin sortie d’affaire après un sevrage d’une centaine de jours, grâce à l’appui d’un groupe de parole (thérapie qu’elle refusait au début), va aider à son tour Sihem lorsqu’elle la retrouve dans la rue entre la vie et la mort, alors qu’elles s’étaient violemment disputées puis séparées.


 

Ce film très réaliste ouvre sur un monde où le moindre faux pas risque de faire chuter à nouveau. Les toxicomanes vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête et il leur faut une grande force pour résister à la tentation. D’ailleurs, dans les groupes de parole, certains, qui ont arrêté depuis plus de vingt ans, viennent pour encourager les autres.
Il faut souligner aussi la très belle photo de Samuel Lahu et la musique originale de Ferdinand Berville et Pierre Allio.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

1. Dont notamment La Vie de garçon (2003) diffusé sur Canal+.


La fête est finie. Réal, sc : Marie Garel-Weiss ; sc : Salvatore Lista ; ph : Samuel Lahu ; mont : Riwanon Le Beller, Guerric Catala ; mu : Ferdinand Berville, Pierre Allio. Int : Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Michel Muller, Christine Citti, Pascal Reneric, Marie Denarnaud (France, 2017, 93 mn).



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