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Féminin Plurielles (2017)
de Sébastien Bailly
publié le mercredi 7 mars 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Sortie le mercredi 7 mars 2018


À l’origine, Féminin plurielles, ce sont trois courts métrages que Sébastien Bailly a présentés dans de nombreux festivals, dont Où je mets ma pudeur, avec Hafsia Herzi, qui fut nommé aux César 2015. Trois femmes, trois histoires, trois films, réunis en un seul long métrage.

Le sujet qui fonde le travail de Sébastien Bailly peut s’expliciter par cette question : comment vivre son corps pleinement, sans contraintes ni entraves d’aucune sorte et libre face aux hommes ? Interrogation qui se décline en désir, sensualité et sexualité, agrémentée des multiples variations possibles allant de la séduction, du trouble, de l’égarement à la perversité. Ainsi se succèdent trois portraits de femmes, figuré chacun dans son environnement social.

La première Douce (Lise Bellynck), à l’hôpital où elle est infirmière, la seconde Hafsia (Hafsia Herzi) à l’université, où elle passe un examen d’histoire de l’art sur La Grande Odalisque de Ingres, et la dernière, Delphine (Anne Steffens), habitante de Tulle qui rêve de partir à Paris pour travailler à l’Élysée. Entretemps, elle fait connaissance de Charlotte (Friedelise Stutte), photographe allemande avec qui elle vivra une passion soudaine.

Le sujet "désirant", ici le féminin, tient le rôle principal : que ce soit Douce, Hafsia ou Delphine, chacune dirige, prend des initiatives, impose sa vision et sa pratique de la séduction et du plaisir. Ce film affiche une disponibilité à la découverte de l’autre, l’inconnu, l’attirant, l’encore inexploré ; c’est le cas de Douce qui désire un patient dans le coma et profite de ses nuits de garde à l’hôpital pour lui donner des sensations cérébrales fortes. Est-ce du dévouement, de la dévotion ou du plaisir solitaire, morbide ? Il y a aussi une forte conscience de l’identité de la femme, notamment musulmane, par rapport à la réserve apprise et transmise ; devant le voile difficile à ôter en public, se dresse une retenue ancestrale devant cette mise à nu.

On trouve également ici une grande indépendance d’esprit, une légèreté des passions ; les personnages s’attachent, tout en s’écartant des sentiers connus, ils surprennent par leurs choix, leurs détours, leurs intentions et leurs attirances inconscientes, tandis qu’en toile de fond, la barbarie du passé, encore présente dans la ville, semble tisser un écran sombre face à ces rencontres hasardeuses.

Aucun jugement n’est porté, les femmes s’expriment et vivent librement. Cependant, les personnages ne vont pas seuls, ils sont accompagnés du poids de la culture ou de l’Histoire, un livre, un tableau, une ville, qui complètent la question première et transforment le film en conte moral.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 385-386, février 2018

Féminin plurielles. Réal, sc, mont : Sébastien Bailly ; ph : Sylvain Verdet, Pascale Marin ; mont : Cécile Frey ; mu : Laurent Levesque. Int : Hafsia Herzi, Lise Bellunck, Anne Steffens, Friedelise Stutte, Marie Rivière, Sabrina Seyvecou, Bastien Bouillon (France, 2017, 82 mn).



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