par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°387, mai 2018
Sortie le mercredi 23 mai 2018
Plus connu en Italie sous le surnom de Pif, Pierfrancesco Diliberto, également acteur dans le film, dédie ce deuxième long métrage à Ettore Scola et on comprend pourquoi.
En s’inspirant d’un événement historique peu connu, à savoir l’aide de la Mafia aux Alliés pour la libération de la Sicile en 1943, Bienvenue en Sicile se présente comme une comédie à l’italienne. D’ailleurs, le titre original, In guerra per amore, évoque les films italiens des grandes années signés Comencini ou De Sica. Le réalisateur le reconnaît : "Je cherchais une histoire qui, tout en conservant l’esprit de mon premier film, La mafia tue seulement en été, nous montrerait un petit homme face à un des grands événements historiques, un film, qui dans le plus grand respect des traditions de la comédie italienne, nous ferait vivre parallèlement une histoire isolée et l’histoire avec un grand H."
Cela donne un film plaisant, malgré quelques maladresses narratives et une fausse naïveté qui, justement, rappelle la belle époque de la comédie à l’italienne. Dans le rôle du personnage un peu lunaire, amoureux et héros malgré lui, Pif fait merveille et apporte au personnage principal d’Arturo une dimension remarquable. De nombreux figurants, des acteurs magnifiques et réalistes, comme Andrea Di Stefano et Miriam Leone, déjà appréciée dans Fais de beaux rêves de Marco Bellochio, une mise en scène souvent précise, contribuent à faire de cette comédie à la fois un moment de divertissement, avec l’histoire d’amour sous-jacente, et un film historique qui explique les imbrications de la politique et de la Mafia.
On voit comment les Alliés ont décidé de confier la libération de la Sicile, puis de l’Italie, voire de l’Europe ensuite, à la tristement célèbre Cosa Nostra, en faisant appel à Lucky Luciano qui, du fond de sa prison américaine, donna des ordres à la Mafia pour qu’elle aide, après leur débarquement, les soldats US, qui n’avaient aucune connaissance de l’île et de son dialecte. Lucky Luciano fut ensuite relâché et extradé des États-Unis vers l’Italie, “pour services rendus durant la Seconde Guerre mondiale”.
Il faudra attendre le rapport Scotten, "Les problèmes de la Mafia en Sicile", pour se rendre compte de l’énorme erreur commise par les Alliés à cette occasion, expliquant, en grande partie, les errements mafieux et néofascistes des année 70 qui en sont les séquelles.
Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°387, mai 2018
Bienvenue en Sicile (In guerra per amore). Réal : Pierfrancesco Diliberto ; sc : Pif, Michele Astori, Marco Martani ; ph : Roberto Forza ; mont : Clelio Benevento ; mu : Santi Pulvirenti. Int : Pif, Miriam Leone, Andrea Di Stefano, Mario Pupella, Maurizio Marchetti (Italie, 2016, 99 mn).