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Contes de juillet (2017)
de Guillaume Brac
publié le mercredi 25 juillet 2018

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection du Festival de Locarno 2017

Sortie le mercredi 25 juillet 2018


Contes de Juillet n’est pas un film, mais deux, étant composé de deux moyens métrages : L’Amie du dimanche (qui vient d’obtenir le prix Jean-Vigo du court) et Hanne et la Fête nationale. Comme le précise le réalisateur, Guillaume Brac, les deux récits sont interprétés par des étudiants de deuxième année du Conservatoire national d’art dramatique.

Ainsi a pu être concrétisé le projet qu’avait en tête le cinéaste René Féret de faire tourner une promotion d’apprentis comédiens. C’est cependant à Éric Rohmer que l’on pense d’entrée de jeu, avant même celle des artistes. D’une part, le conte se réfère à ceux, plus ou moins moraux, de l’auteur de Ma nuit chez Maud (qui ressort en salle ces jours-ci), de l’autre, le cadre choisi pour la première narration (Cergy-Pontoise, jadis "ville nouvelle" ayant inspiré le maître de la Nouvelle Vague dans les années 80) est suffisamment explicite. Malgré le deuxième degré qui gouverne nombre de réalisations contemporaines, les deux pans du diptyque nous ont paru convaincants.

Les scénarios y sont prétextes à marivaudage. L’unité de temps de 24 heures renforce l’aspect théâtral des deux films, tous deux tournés in situ avec une précision documentaire. Le premier a pour décor la base de loisirs de Cergy, déjà présente dans L’Amie de mon amie, et traite d’une journée de délassement de deux jeunes femmes, que vient troubler l’irruption d’un garçon travaillant comme agent de sécurité. À partir de faits minimes, Guillaume Brac parvient à noter des traits psychologiques et sociologiques susceptibles de prendre valeur historique avec le temps.

Le marivaudage éternel trouve à s’exercer partout, y compris dans le cadre peu exploité au cinéma qu’est la Cité universitaire du boulevard Jourdan. Mais les grands espaces ne sont jamais présents à l’image, ni le parc, ni les chefs-d’œuvre architecturaux de cet ensemble composite.
De même, on passe de la foule assistant au défilé du 14 juillet sur les Champs-Éysées à un quintette, puis à un quatuor qui badine avec l’amour. Le drame prend la forme du kammerspiel et se déroule entre les murs écarlates du pavillon norvégien. La rivalité entre deux jeunes étudiantes, si elle n’atteint pas le tragique ibsénien, est bouleversée par la nouvelle de l’attentat de Nice annoncée à la radio.

La réalisation est somme tout classique, recourant à la technique du champ-contrechamp et usant parfois de plans-séquences.
L’image de Alain Guichaoua est particulièrement soignée et soigneusement étalonnée, tandis que le son du premier récit paraît confus, comme pour entretenir un effet de réalité. Les scènes, d’un grand naturel, donnent l’impression d’avoir été improvisées. La fraîcheur des comédiens ressort à chaque plan. Leur jeu est toujours juste, d’une finesse jamais contrariée par les gros plans.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne direct

Contes de juillet. Réal, sc : Guillaume Brac ; ph : Alain Guichaoua ; mont : Louise Jaillette ; sup mu : Thibault Deboaisne. Int : Hanne Mathisen Haga, Andrea Romano, Sipan Mouradian, Milena Csergo, Lucie Grunstein, Jean Joudé (France, 2017, 68 mn).



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