Vision Into Günther
Humeurs de Lucien Logette
20.40 : Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (2012), OCS Max
Pas passé sur le câble depuis mars 2015. En ces temps caniculaires, une promenade vélocipédique sur l’île de Ré en compagnie de Lambert Wilson (toujours impeccable) et de Fabrice Luchini (supportable, mais oui) n’est pas à rejeter. L’intelligence du réalisateur et son sens du tempo n’ont pas vieilli.
20.40 : Razzia sur la chnouf d’Henri Decoin (1954), OCS Géants
Beaucoup moins fréquent que Touchez pas au grisbi, car Decoin ne partage pas la renommée de Becker. Or cette chnouf n’est pas loin de valoir le grisbi, Gabin ayant trouvé la bonne cadence. Parmi tous les acteurs que l’on aime, notons Magali Noël et une mention à Lila Kedrova, éblouissante dans un rôle de quelques minutes.
20.45 : Snatch : Tu braques ou tu raques de Guy Ritchie (2000), Premier
Qu’il soit l’ex-époux de Madonna et spécialiste en jiu-jitsu brésilien ne nous dispose pas vraiment en faveur du réalisateur, mais il faut lui reconnaître une patte certaine, perceptible dès son premier long, Arnaques, crime et botanique (1998), confirmée par ses deux épisodes assez inventifs de Sherlock Holmes (2009 et 2011). Ce film, son deuxième, est inédit sur les chaînes.
20.45 : Que les gros salaires lèvent le doigt de Denys Granier-Deferre (1982), Club
Le premier film du fils de Pierre G-D, prometteur - il a depuis surtout filmé pour la télé -, sur un sujet qui n’était pas encore brûlant à cette date, la crise et le licenciement. Le primo-cinéaste s’en est bien sorti, grâce à une flopée d’acteurs de haut niveau, Poiret, Piccoli, Auteuil, Marie Laforêt et quelques débutants, Tchéky Karyo et Florence Pernel.
22.25 : Fragile de Jaume Balaguero (2005), Premier
Trois titres de Balaguero en quelques semaines (et auparavant, un seul depuis 2014), les amateurs de frissons s’en réjouiront. Même ambiance que dans les huis clos à l’espagnole, type L’Orphelinat ou L’Échine du Diable, un ton en-dessous tout de même - mais avec Calista Flockhart, dans son unique apparition hors des USA.
23.25 : Raging Bull de Martin Scorsese (1980), OCS City
Pour mémoire, si par hasard, quelqu’un ne l’avait pas encore vu deux ou trois fois. Les Scorsese incontestables ne sont pas si nombreux.
00.00 : Boy Slaves de P.J. Wolfson (1939), TCM
Surprise ! Wolfson était avant tout pour nous l’auteur d’un des plus beaux romans des débuts de la Série Noire, À nos amours (Bodies Are Dust, 1931), que Manchette qualifiait avec raison de chef-d’œuvre. On avait oublié son travail de scénariste - et pas pour n’importe qui : Victor Fleming, George Stevens, John Stahl. Mais on ne le savait pas réalisateur, pour cette unique fois. Anne Shirley, toujours, dans une histoire de gangs d’adolescents. Une découverte, à coup sûr.
20.40 : Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (1961), OCS Géants
Faut-il que la soirée soit sinistrée pour qu’on en arrive à signaler un film de Borderie. Mais ce n’est pas le pire, et l’argument de Dumas est si fort que, quel que soit le réalisateur qui s’y attaque, le charme joue toujours. Alors, Gérard Barray n’est ni Gene Kelly, ni Michael York, ni même Georges Marchal, mais on peut faire comme si. Et Mylène Demongeot est une Milady tout aussi méchante que Lana Turner ou Faye Dunaway.
20.45 : Espace détente de Bruno Solo & Yann Le Bolloc’h (2004), Famiz
On ne peut exiger que la programmation d’un dimanche 12 août 2018 soit frémissante d’inédits. Alors, plutôt que la soirée Parrain 1, 2 et 3 sur TCM, ou la reprise du Criminel d’Orson Welles (1945) sur Classic, souvent revu, ou Bastille Day de James Watkins (2016) sur Premier, on peut jeter de nouveau un œil sur la série de gags parfois réussis des deux compères. Lors du dernier passage du film (11 septembre 2016), on s’interrogeait sur le vieillissement éventuel desdits gags. Après vérification, la plupart fonctionne encore.
23.05 : Détective K de Kim Suk-yoon (2011), Action
Une version française, certes, mais eu égard au désert des propositions ce soir, on peut tenter le coup. Ni le film ni son auteur ne nous sont connus, c’est donc l’aventure.
Pas d’hommage à Anne Shirley ce soir sur TCM, pour cause d’invasion du Parrain 3. Mais reprise de Chasing Yesterday de George Nichols Jr. (1935), déjà passé il y a peu (et tout à fait sympathique) - mais à 04.35…
20.40 : La Dame de chez Maxim’s de Marcel Aboulker (1950), OCS Géants
Projeté il y a quelques mois (13 mai 2018), mais on ne chipotera pas : Saturnin Fabre en délire est un plaisir tellement puissant.
20.45 : Le Stratège de Bennett Miller (2011), Émotion
Cinq passages depuis 2014. Mais les occasions de revoir Philip Seymour Hoffman seront de plus en plus rares.
20.45 : Le Secret de Santa Vittoria de Stanley Kramer (1969), Classic
Inédit. Il faut reconnaître que Kramer était meilleur producteur que réalisateur et que la résurrection de ce titre n’était pas vraiment attendue. C’est du solide, interprété solidement par des acteurs solides : Anthony Quinn, Virna Lisi, Anna Magnani et Hardy Kruger réunis dans un même village italien en 1942, la crédibilité est minimale.
23.55 : Dans ma peau de Marina De Van (2002), OCS Choc
Le premier long de la cinéaste, après une poignée de courts qui avaient secoué plusieurs festivals, entre 1997 et 2001. Dès ses débuts, MDV faisait preuve d’un esprit tordu (on le retrouvera intact dans ses trois films suivants), joliment assuré - les séances d’automutilation auxquelles elle se livre (elle est l’interprète principale) sont particulièrement dérangeantes.
01.00 : Sorority House de John Farrow (1939), TCM
Encore un titre inconnu. Si Anne Shirley est toujours entourée d’acteurs sans renom (ce soir James Ellison et Barbara Read), le film est signé John Farrow, à l’époque homme à tout faire de la RKO (11 films en 1938 et 1939), mais chez qui on devinait le bon réalisateur qu’il serait (cf. Quels seront les cinq ?, passé le 13 juillet 2018) et surtout le scénario est dû à Dalton Trumbo. Encore une découverte, donc.
20.40 : Innocence de Lucile Hadzihalilovic (2004), OCS Choc
Le nom de la chaîne correspond bien au film, un premier long extrêmement personnel, d’une beauté rare, sans grande concession du scénario à l’intelligibilité. On peut à juste raison se sentir perdu dans cet univers clos, celui d’un institut au milieu des bois, voué à l’enseignement de la danse et où la signalétique manque pas mal. Mais la fascination, une fois installée, est forte. On avait oublié que les héroïnes en étaient Marion Cotillard et Hélène de Fougerolles, tant l’atmosphère est prégnante.
20.45 : Genius de Michael Grandage (2016), Premier
Passé le 16 juillet 2018, mais c’est juste pour rappeler qu’il convient absolument de lire Look Homeward, Angel, de Thomas Wolfe, dont le film conte la genèse. On le répète, ne pas confondre Thomas avec Tom (Wolfe).
20.45 : Marie Antoinette de Sofia Coppola (2006), TCM
On a cessé de compter le nombre d’intégrale Sofia Coppola - la dernière le 7 avril 2018, avec les mêmes titres, forcément. Aujourd’hui, ça commence à 17.25 et ça se termine à 00.10. On a un peu l’impression d’être dans L’Invention de Morel, le roman d’Adolfo Bioy Casarès, avec ces situations indéfiniment répétitives dans lesquelles on ne peut intervenir.
22.25 : Les Secrets des autres de Patrick Wang (2015), Club
Son premier film, In the Family (2011), annonçait un auteur, ce que vient confirmer ce second titre. Des acteurs inconnus, un pitch qui fait craindre le pire dans le genre drame familial - et ça marche ; question de doigté, de sensibilité. On attend avec impatience son troisième, A Bread Factory, en deux parties, encore en postproduction.
00.15 : Career de Leigh Jason (1939), TCM
Le réalisateur est surtout célèbre (enfin, vaguement) pour son Miss Manton est folle (1939, avec Henry Fonda), mais sa comédie avec Barbara Stanwyck, The Bride Walks Out (1936) vaut largement la précédente. Cette intégrale Anne Shirley est une mine de découvertes : encore un film scénarisé par Dalton Trumbo.
20.35 : Operator de Logan Kibens (2016), Sundance TV
Pas vu (inédit en Europe). Mais le film a fait un tabac en 2016 dans une dizaine de festivals US indépendants. On ne demande qu’à être conquis.
20.40 : Bande de filles de Céline Sciamma (2014), OCS Choc
Note du 1er février 2017 : "L’accueil enthousiaste (et un peu outré) réservé à Divines ne doit pas faire oublier les films qui l’ont précédé. Et celui-ci a ouvert le chemin et de façon autrement plus forte, car Céline S. est une vraie réalisatrice, qui, depuis Naissance des pieuvres et Tomboy n’a cessé de nous surprendre."
20.45 : Juste la fin du monde de Xavier Dolan (2016), Premier
Le petit prodige québécois ayant en poupe un vent de force 8, pas question de penser à l’arrêter. Il a la chance qu’a eue longtemps Terrence Malick (mais c’est aujourd’hui terminé) d’être applaudi quoi qu’il produise, qu’il en profite. On peut juger que la pièce de Jean-Luc Lagarce méritait mieux - en tout cas, un peu plus de simplicité -, mais on garde ça pour soi. Et de toutes façons, c’est le seul titre inédit de la soirée sur Ciné+.
20.45 : La Piste des géants de Raoul Walsh (1930), TCM
Le premier film de John Wayne (plus exactement le premier où il ne faisait pas de la figuration). Mais ce n’est pas à cause de l’acteur que le film est inoubliable mais grâce au réalisateur. Tourné en 70 mm (mais nous n’avons jamais pu le voir qu’en 35 mm), il offre une vision somptueuse de la marche vers l’Ouest, entre Mississippi et Oregon. Qu’en restera-t-il sur un écran de télé, avec recadrages obligatoires ? À vérifier.
00.25 : Vigil in the Night de Goerge Stevens (1940), TCM
Toujours RKO, mais cette fois-ci d’une durée "normale" : presque tous les films avec Anne Shirley étaient calibrés entre 61 et 70 minutes. Ici, Stevens oblige, on atteint les 95 mn. Et il ne s’agit plus d’un film d’Anne Shirley, mais d’un film de Carole Lombard avec Anne Shirley (qui joue sa sœur). Scénario de P.J. Wolfson (c’est sa semaine de gloire). Les fouineurs qui regardent dans les coins découvriront Peter Cushing, dans une de ses premières apparitions.
01.05 : Je t’aime je t’aime d’Alain Resnais (1968), Classic
Trop tardif pour être apprécié comme il le doit ; le film n’est plus inédit sur le câble, mais il fait partie de ces quelques titres dont on signale chaque passage, pour le plaisir et pour lui offrir de nouveaux spectateurs.
20.40 : La Caravane de feu de Burt Kennedy (1967), Paramount Channel
Les meilleures choses qu’ait faites Kennedy sont ses scénarios pour Budd Boetticher (toute la série avec Randolph Scott) et Gordon Douglas (Yellowstone Kelly, 1959, est un grand film). Il n’obtint pas les mêmes réussites avec les titres qu’il a réalisés, bien qu’il en ait écrit presque tous les scénarios. Mais quand il pouvait profiter d’acteurs comme John Wayne et Kirk Douglas (ainsi que Howard Keel, que l’on peut oublier), c’est tout de même pas mal du tout.
20.45 : Cocorico, monsieur Poulet de Jean Rouch (1974), Classic
Nous l’avions réclamé la semaine dernière, le voici. Un film en roue libre, ou plutôt en 2 CV libre, celle de Lam Ibrahima Dia et Damouré Zika, pleine de poulets qu’ils cherchent à vendre d’un village de brousse nigérien à l’autre. Sur cette trame, on improvise - et Rouch a tenu à ce que les deux héros soient les cosignataires du film. Que peut-on demander encore ? La Punition, Les Veuves de 15 ans et Gare du Nord, trois expérimentations parisiennes qui montrent combien le cinéaste avait de l’avance sur ses collègues.
01.40 : Unexpected Uncle de Peter Godfrey (1941), TCM
Même situation que pour Leigh Jason : Godfrey n’est connu que pour La Seconde Mrs. Carroll (1947), avec Bogart et Stanwyck. Pourtant, les bons titres ne manquent pas dans sa filmographie, comme Escape Me Never (1947) avec Errol Flynn et Ida Lupino, ou The Girl from Jones Beach (1949) , avec Ronald Reagan et Virginia Mayo. Ici, ce sont presque ses débuts et il doit se contenter de mettre en valeur Anne Shirley - mais il y a tout de même Charles Coburn.
20.35 : The Trip de Roger Corman (1967), Sundance TV
Corman avait terminé son cycle Edgar Poe et entre deux retours au polar (L’Affaire Al Capone, 1967, et Bloody Mama, 1970), il tourne ce film bien dans l’air du temps, avec prise de LSD, hallucinations visuelles colorées et tout, avec musique adéquate, qui avait fait bien rire sur le moment. Mais c’était également un galop d’essai : Nicholson écrit le scénario, Peter Fonda et Dennis Hopper sont les protagonistes - avec Susan Strasberg, la fille de Lee, égarée là. Ça sent Easy Rider à plein nez. En tout cas, on est curieux de voir comment une telle chose a subi le poids des ans.
20.40 : Spider-Man 2 de Sam Raimi (2003), OCS Max
Pourquoi le seul "opus" 2 et pas une soirée entière occupée par les trois épisodes réalisés par Raimi ? On se contentera de ce second volet, en attendant le trilogie.
20.45 : Adopte un veuf de François Desagnat (2016), Émotion
Ce n’est qu’après plusieurs passages que l’on a eu le courage de regarder ce film au titre peu inspirant. On regrette de ne pas l’avoir choisi plus tôt : il s’agit d’un film bien français, comme on a l’impression d’en voir deux cents par an, avec sa thématique moderne (la coloc), sa caractérisation rigide (un veuf misanthrope, une étudiante pétulante qui va le booster) ; on vogue là sur un océan bien balisé. Eh bien, le voyage est agréable : André Dussolier assure une partition blindée, Bérangère Krief se démène avec naturel. On en sort en sachant qu’on ne vient pas de voir le César du scénario, mais qu’importe.
20.45 : 11 minutes de Jerzy Skolimowski (2015), Club
Après avoir été considéré comme un des grands auteurs des années 60 (et la suite) - ce qu’il était -, Skolimowski a connu une dépréciation scandaleuse : il n’était plus à la mode, donc on ne regardait plus ses films (ce qui fut le cas de celui-ci : sorti le 19 avril 2017, avec deux ans de retard, ses 21 copies ont rassemblé 6115 spectateurs). Il n’a pourtant rien perdu, cinquante années et quelques après Signes particuliers : néant, de ce qui faisait son talent particulier. Quatre nuits avec Anna (2008) ou Essential Killing (2010) sont des modèles de mises en scène adaptées à leur sujet. Ici, une contrainte oulipienne : 11 personnages suivis pendant 11 minutes cruciales de leur destin. Ce pourrait être mécanique, c’est éblouissant de maîtrise.
20.45 : L’Arnaqueur de Robert Rossen (1961),TCM
Note du 8 juin 2016 : "Un modèle de film d’action immobile, les 130 minutes se passant presque totalement autour du billard où triomphe Newman. Enfin, où il triompherait s’il ne rencontrait pas Jackie Gleason, un sacré joueur, lui aussi. Superbe : il suffit de comparer avec la suite qu’en a donnée Scorsese en 1986…"
00.55 : Four Jacks and a Jill de Jack Hively (1942), TCM
Retour au format RKO : 68 mn, et Anne Shirley en vedette, avec Ray Bolger, l’Épouvantail du Magicien d’Oz. On ne sait rien de plus, ne connaissant de Hively que sa série The Saint avec George Sanders, pas très personnelle…