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Frances Ha (2012)
de Noah Baumbach
publié le vendredi 19 septembre 2014

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°352-353, été 2013

Sélection officielle de la Berlinale 2013

Sortie le mercredi 3 juillet 2013


 


Frances Ha, présenté au Panorama de la dernière Berlinale, est un petit bijou de tendresse et d’humour, qui parle de la danse, de l’amitié, de la jalousie et de New York. C’est bien du côté de Woody Allen et de Manhattan (1979) que Noah Baumbach va chercher son inspiration. On entend dans le film ces quelques mots qui veulent tout dire et qui pourraient d’ailleurs s’appliquer à Paris : "On ne peut plus être artiste et habiter à New York, pour cela il faut être riche".


 

Pourtant, né à Brooklyn, fils d’une mère journaliste et d’un père écrivain et critique de cinéma, Noah Baumbach n’est pas vraiment issu du prolétariat. C’est bien pour cela qu’il sait de quoi il parle quand il dessine le décor new-yorkais de ses personnages. Des personnages hauts en couleurs, même si le film est en noir et blanc.


 


 

Deux amies inséparables, Frances et Sophie, vivent une "bromance" en plein New York, c’est-à-dire une histoire d’amour chaste, ce genre d’aventures qu’on connaît avec une personne du même sexe à l’adolescence. Frances pète un câble justement au moment où Sophie (Mickey Sumner, fille de Sting), lui déclare qu’elle va quitter l’appartement pour vivre avec son petit ami.
Alors, Frances se réfugie chez deux copains rencontrés dans une party. L’épisode de leur vie de colocataires, l’homosexualité en moins, ne va pas sans évoquer la rencontre de Marilyn Monroe avec les fils de Charlie Chaplin et de Edward G. Robinson dans Blonde de Joyce Carol Oates.


 

Le réalisateur n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit entre autres Les Berkman se séparent (2005), et l’inédit Margot at the Wedding. Il a participé aux scénarios de La Vie aquatique et Fantastic Mr Fox de Wes Anderson. Frances Ha est un film un peu arty, qui montre la vie de bohème à New York avec mélancolie et légèreté. L’actrice principale, Greta Gerwig, qui tente de percer dans la danse et acceptera finalement de devenir la secrétaire de la compagnie, nous propose un hommage à l’inoubliable course dansée de Denis Lavant dans Mauvais Sang de Leo Carax (1986), sur le même Modern Love de David Bowie : une déambulation improvisée dans les rues glissantes de New York, moitié en plongée, moitié en travelling, un pied-de-nez aux modèles Léo Carax, Woody Allen et Philippe Garrel.


 


 

Un moment de liberté cinématographique, comme un Jean-Luc Godard qui serait enfin heureux, surtout au moment, très "Nouvelle Vague" où, sur un coup de tête et pour échapper au mal de vivre et à la jalousie, Frances décide d’aller passer un week-end à Paris. Elle n’y fera que dormir, errer dans le Marais et se ruiner avec l’appel outre-Atlantique de son amie Sophie qui veut l’inviter à son mariage, la croyant à New York.
Un film coup de cœur, sorti en juillet 2013, à ne pas rater.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°352-353 été 2013


Frances Ha. Réal, sc : Noah Baumbach ; sc : Greta Gerwig ; ph : Sam Levy ; mont : Jennifer Lame. Int : Greta Gerwig, Mickey Sumner, Michael Esper, Adam Driver (USA, 2012, 86 mn).



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