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Il se passe quelque chose (2018)
de Anne Alix
publié le mardi 14 août 2018

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection ACID au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 15 août 2018


 


Il s’agit du premier long métrage de fiction de Anne Alix, auteure provençale jusqu’ici connue pour ses courts métrages et ses documentaires.
Est-ce un film de plus de femme sur les femmes ?
On peut le penser au début où, après une scène de spiritisme assez énigmatique, on assiste à la rencontre, en Avignon, entre Dolorès, quadra espagnole pétillante, volubile et pleine de joie de vivre et Irma, quinqua d’origine bulgare, triste à en mourir.


 


 

La première dispose d’un véhicule personnel et a un travail : elle prépare un guide touristique sur la région destiné à un lectorat branché - "gay friendly" selon ses dires.
La seconde a la poisse puisqu’elle vient de perdre et son conjoint et son emploi : elle effectue un pèlerinage du côté d’Arles sur les traces de Van Gogh, artiste tout aussi maudit et suicidaire qu’elle. Témoin de la détresse de cette infortunée, Dolorès prend Irma sous son aile et l’emmène avec elle.


 

À partir d’un canevas de road movie convenu, ayant pour protagonistes deux héroïnes antithétiques, le film nous ouvre à un espace somme toute peu exploré depuis Jacques de Baroncelli, situé entre l’étang de Berre, une partie de la Camargue, la plaine de la Crau et la zone industrielle de Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc, Martigues...


 

Les paysages sont devenus des autoroutes bordées de gigantesques usines, de centrales nucléaires, de pylônes et de câbles électriques de haut voltage, d’hectares de containers. Quand nature il y a, elle est tracée au cordeau comme ces vergers où une armée de travailleurs africains et sud-américains se charge de la cueillette des pommes.

On y fait d’inattendues rencontres comme celle d’un berger roumain menant son troupeau de moutons, d’un pêcheur cambodgien venu avec les boat people, d’un très vieux républicain espagnol enseignant à son fils les secrets de la tauromachie sur les berges du Rhône, d’une aubergiste grecque ayant pour violons d’Ingres la poésie et l’art de la divination.


 


 


 

Cette partie quasiment documentaire est la plus convaincante du film, constituée de brèves scènes prises sur le vif, d’interventions d’acteurs non-professionnels et de moments quotidiens de travail ou de délassement.
Comme dans tout récit picaresque qui se respecte, on découvre les hauts et les bas et les aléas de l’existence. Ce microcosme ou cette cosmopole se bat pour survivre. Une grande humanité se dégage du film que certains jugeront sans doute optimiste, la douceur de la France voilant toute amertume.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe

Il se passe quelque chose. Réal, sc : Anne Alix ; sc : Alexis Galmot ; ph : Aurélien Py ; mont : Anne Riche, Céline Bellanger. Int : Lola Dueñas, Bojena Horackova (France, 2018, 103 mn).



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