L’avenir du théâtre appartient à ceux qui n’y vont pas.
Les cinquante ans du Théâtre de la Commune à Aubervilliers.
Humeurs de Lucien Logette
20.40 : Terreur aveugle de Richard Fleischer (1971), OCS Géants
Inédit. Fleischer est Fleischer, c’est-à-dire que le thriller est impeccablement mené - sur un scénario de Brian Clemens - et les tribulations de Mia Farrow, aveugle traquée par un meurtrier en série, sont propres à donner des frissons durables.
20.45 : Une chance sur deux de Patrice Leconte (1997), Famiz
On le note parce qu’il s’agit des retrouvailles de Delon et Belmondo, après 27 ans de fâcherie, et qu’on ne les reverra plus ensemble (sans que cela nous manque vraiment). Malgré son million d’entrées, le film est considéré comme un accident industriel, eu égard à son budget. Mais le calcul était mauvais : l’un et l’autre étaient des mythes, mais déjà plus des stars rentables.
20.45 : La Marchande d’amour de Mario Soldati (1952), Classic
Dernier passage : le 2 novembre 2014, dans "Cinéma de minuit". Il n’est donc pas inutile d’en rafraîchir le souvenir éventuel. Après Fanfan la Tulipe et Les Belles de nuit, Gina Lollobrigida était à son sommet de popularité chez nous. Le titre original, La provinciale, était bien moins racoleur que le français, et, surtout, fidèle au roman de Moravia. Encore un grand film d’un réalisateur, dont on attend que quelqu’un se penche sur sa carrière passionnante.
22.35 : La Maison qui tue de Peter Duffell (1971), Classic
C’est le seul film de l’auteur que l’on connaisse - mais il a surtout travaillé pour la TV. C’était la mode des films d’horreur à sketchs, type Le Train des épouvantes ou Le Jardin des tortures. Donc Christopher Lee et Peter Cushing au programme, et Robert Bloch au scénario. Les quatre histoires ne sont pas du même niveau, mais on ne va pas chipoter, c’est trop rare d’avoir un inédit du genre.
22.55 : Engrenages de David Mamet (1987), TCM
Avec cet House of Games, on découvrait que Mamet n’était pas seulement un bon scénariste, mais un réalisateur de talent, ce que La Prisonnière espagnole confirmera dix ans plus tard. La folie et l’addiction au jeu (ici, le poker) ont rarement été aussi bien montrées. Et curieusement, le film est inédit sur le câble.
00.10 : Les Cicatrices de Dracula de Roy Ward Baker (1970), Classic
Certes passé il y a quelques mois (en juin 2018), mais pour une fois que la chaîne nous offre deux films avec Christopher Lee à la suite…
20.40 : Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze (1999), OCS City
Réalisateur de clips remarquables, Jonze a commencé très fort, avec ce film parfaitement tordu (mais qui devait beaucoup au scénario de Charlie Kaufman) et qui reste son plus surprenant, jusqu’à son dernier, Her. Prendre pour pseudonyme celui du musicien le plus délirant des années 40, Spike Jones (and the City Slickers), est une preuve de goût.
20.40 : Elvis Presley : The Searcher de Thom Zimney (2018), OCS Géants
Doc inconnu, récente production de l’excellente chaîne HBO. Trois heures de documents sur The King, on ne peut demander mieux.
20.45 : Macho de Bigas Luna (1993), Club
Si l’on accepte les excès habituels du réalisateur, qui n’a jamais fait dans la dentelle, on prendra plaisir à ce portrait de personnage caricatural, que rien n’arrêtera sur la voie de la réussite. Luna était le découvreur de Javier Bardem, qui tourna dans quatre de ses films, entre 1990 et 1994. Ça vaut la peine de vérifier comment a vieilli l’œuvre, et si elle est toujours aussi dérangeante.
20.45 : Je dois tuer de Lewis Allen (1954), Classic
Allen n’est pas un grand auteur de film noir, mais il a tourné plusieurs petits polars intéressants, La Falaise mystérieuse ou L’Invisible Meurtrier. Et ce Suddenly, qui n’est pas l’adverbe mais le nom de la ville où Frank Sinatra prépare l’assassinat du président des USA (la rumeur assure que Lee H. Oswald s’en serait inspiré…). En supplément, Sterling Hayden en shérif. Une bonne version DVD est également disponible.
22.30 : Hector de Jake Gavin (2015), OCS City
Film et réalisateurs inconnus. Mais Peter Mullan est un acteur qui ne tourne pas avec n’importe qui. Alors, faisons-lui confiance.
00.00 : Amour sauvage de Philip Dunne (1961), OCS Géants
Le film n’est pas très fréquent. Western moderne, sur un scénario de Clifford Odets, rien que ça ! La bande musicale est plus country que rock, mais on fait avec. C’est le dernier film de la meilleure période d’Elvis, celle du Rock du bagne, de King Creole et des Rôdeurs de la plaine - ensuite, avec Blue Hawai, le cauchemar commencera… Il est bien entouré : Hope Lange, Tuesday Weld et Millie Perkins.
00.15 : La Présidente de Fernand Rivers (1938), France 3
Brion se rattrape, et après ce Napoléon oubliable, sort de sa hotte un film oublié, mais nettement plus agréable, adaptation d’un vaudeville de Hennequin & Veber, auteurs de pièces fameuses comme Vous n’avez rien à déclarer ? ou Et moi, j’te dis qu’elle t’a fait de l’œil, qui firent les délices des spectateurs des années 30. L’adaptation est signée Yves Mirande, une garantie. Et pour les amateurs des acteurs du temps, Elvire Popesco exécute son festival habituel ; si Henry Garat est un ministre un peu mou, le couple André Lefaur-Suzanne Dehelly (le président du tribunal et son épouse) vaut à lui seul le spectacle.
20.40 : Désolé, mais il n’y a rien à sauver sur le bouquet OCS ce soir.
20.45 : Gabriel et la montagne de Fellipe Barbosa (2017), Club
La découverte du soir. On connaît peu le nouveau cinéma brésilien, et le premier film du cinéaste, Casa grande, ne laissait pas penser que celui-ci atteindrait un tel niveau dans son second. Histoire d’un jeune Brésilien et sa petite amie au Kénya - mais pas de constat misérabiliste sur le pays, une succession d’événements et de rencontres, tout en légèreté.
20.45 : La Taverne des révoltés de Felix Feist (1953), Classic
Western de série, comme à peu près tout ce qu’a tourné le réalisateur (à l’exception des Amants du crime, bon petit polar avec Steve Cochran). Avec Randolph Scott, ce qui décrit tout à fait le style. Mais le film ne passe jamais, et on ne pense pas que Sidonis l’ait encore réédité en DVD.
23.10 : Wajma, une fiancée afghane de Barmak Akram (2013), Arte
Comment peut-on être Afghan ? Et surtout cinéaste afghan ? On y arrive, mais pas facilement - si la France ne l’avait pas coproduit, le film n’existerait pas. Roméo et Juliette à Kaboul, dans un contexte que Shakespeare n’aurait pas imaginé. Prix du scénario à Sundance, présenté à Cannes par Acid, le film n’a connu ici en 2013 qu’une diffusion confidentielle (sept copies). À rattraper.
00.30 : Le Violoniste de Florence de Paul Czinner (1926), Arte
C’est pur scandale que programmer un film aussi rare à une telle heure. Czinner a connu une carrière saccadée, passant d’un pays à l’autre, Hongrie, Allemagne, France, Angleterre, États-Unis, laissant des films plutôt qu’une œuvre cohérente. Mais une carrière parsemée de titres superbes, comme Mademoiselle Else, d’après Schnitzler, dans lequel Elisabeth Bergner, sa compagne, était éblouissante. Il signa le premier Mélo, que Resnais adaptera à son tour. Ici, un générique haut de gamme : Elisabeth B., Conrad Veidt, Walter Rilla et même Nora Gregor, future vedette de La Règle du jeu. Immanquable.
20.40 : Symphonie pour un massacre de Jacques Deray (1963), OCS Géants
Troisième film de l’auteur (oui, Deray était un auteur). Le binôme Rififi à Tokyo-Symphonie… demeure un des meilleurs moments de sa filmographie (qui connut des hauts et des bas, des facilités et des beautés). Polar à la française, dégraissé, sans mythologie, avec un Jean Rochefort encore tout neuf.
20.45 : Mal de pierres de Nicole Garcia (2016), Émotion
Présenté à Cannes en compétition, le film a subi la malédiction critique qui accompagne la réalisatrice, considérée comme académique et "commerciale", alors que son travail dépasse de loin en intérêt la presque totalité de ce que signent ses collègues. Classique, sans doute, mais sans raideur, épuré, et porteur d’une émotion rare ; il suffit de se laisser aller. Les années 50, un sanatorium, un amour qui fait basculer (proche de Una breve vacanza, le chef-d’œuvre de De Sica). Marion Cotillard est bouleversante.
20.45 : Ulysse de Mario Camerini (1954), Famiz
Note du 6 décembre 2016 : "Le péplum n’était pas encore à la mode, mais le succès de La Tunique, le premier film en Scope, l’année précédente, avait donné aux producteurs italiens l’idée de relancer le genre (qu’ils avaient inventé avec Cabiria en 1913). Avec des vedettes US, Kirk Douglas, Anthony Quinn, des seconds rôles français (Sylvie) et des bombes italiennes (Silvana Mangano, Rossana Podesta). D’où ce mélange bizarre mais pas déplaisant (avec un Cyclope assez réussi), Camerini ayant, depuis trente ans, abordé sans barguigner tous les genres avec tous les styles."
22.30 : Swagger d’Olivier Babinet (2016), Club
Bon doc, présenté par Acid à Cannes, sur des gamins de cité, à Aulnay, dans le 9-3. Rien de neuf, mais une belle qualité d’écoute et les mômes sont touchants.
20.35 : Exhibition de Joanna Hogg (2013), Sundance TV
Pour une fois que l’on a vu le film annoncé par Sundance… Les spectateurs de Archipelago, de la même cinéaste, recommandé le 10 août 2018, y retrouveront les mêmes qualités d’étrangeté.
20.40 : Vie sauvage de Cédric Kahn (2014), OCS City
C’est un paradoxe de programmer sur City un film qui se passe en pleine nature, Mathieu Kassovitz ayant choisi de s’y réfugier après avoir kidnappé ses propres enfants. L’histoire est vraie - on ne se souvient pas si la cavale réelle a duré aussi longtemps, onze années. Est-ce la volonté de Kahn de ne pas émouvoir par des moyens trop faciles qui nous retient de ne pas apprécier plus le film ?
20.40 : La Plume blanche de Robert D. Webb (1955), OCS Géants
Note du 14 février 2018 (c’était hier, mais il n’y a pas grand-chose d’autre) : "Webb est un artisan qui n’a œuvré que dans le western et de façon efficace. Ce soir, un western pro-indien (mais qui pourrait être hostile à une Indienne comme Debra Paget ?) pas mal du tout, avec Jeffrey Hunter et Robert Wagner, dont on reparle brusquement (a-t-il ou non assassiné Natalie Wood ?)."
20.45 : Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton (2016), Premier
Le film a permis à Burton de renouer avec le succès en France. Mais ce n’est pas pour autant qu’il égale ses productions anciennes, toutes celles d’avant Charlie et la chocolaterie, dernier film étonnant, ce que ne furent ni Alice, ni Sweeney Todd, ni l’épouvantable Big Eyes. Ici, il adapte de nouveau un roman, signé Ransom Riggs, et fait preuve de son invention visuelle. Mais qu’est-ce qui coince dans la mécanique ?
20.45 : Édouard et Caroline de Jacques Becker (1951), Classic
Un Becker inédit sur le câble ? Il semblerait, puisqu’on n’en a pas trouvé trace depuis 2014. Le film est une comédie fort bien écrite par Annette Wademant et J.B, et qui sent son époque. Moins important que Antoine et Antoinette comme témoignage sur le milieu populaire d’après-guerre, le film est un huis clos très inspiré de ses équivalents américains, amour, dispute, rupture et réconciliation. Daniel Gélin et Anne Vernon sont parfaits, comme ils le seront dans Rue de l’Estrapade, deux ans plus tard.
22.25 : La Belle Vie de Jean Denizot (2013), OCS City
Exactement la même base que Vie sauvage, passé en première partie de soirée, comme s’il s’agissait d’une Thema sur le retour à la nature. Denizot n’a pas les atouts spectaculaires de Kahn, ni vedette masculine, ni Céline Sallette. Mais il nous paraît toucher plus juste.
20.40 : Soirée des séries sur le bouquet OCS. On s’y perd : Nu (Max), Here and Now (City), The Deuce (City), Bailers (City), Strike Back (Choc), Westworld (Choc). Au choix.
20.40 : Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz (1963), OCS Géants
Il faut un écran domestique de belle taille pour apprécier comme il le mérite le chef-d’œuvre du réalisateur, dont on ne comprend toujours pas pourquoi il fut si peu défendu par la critique d’alors. On annonce ce soir une version longue de 250 minutes (celle que l’on connaît ne durait que 200 et on espère bien voir un jour le director’s cut de 320…).
20.45 : Gone Baby Gone de Ben Affleck (2007), Premier
Note du 10 octobre 2015 : "Honnêtement, on préfère Dennis Lehane transposé par Affleck plutôt que celui de Scorsese. C’est presque aussi bien que Mystic River d’Eastwood, c’est dire." Allons plus loin : c’est le quatrième roman de la série Kenzie et Gennaro (la seule adaptation au cinéma) et Casey Affleck et Michelle Monaghan forment un couple de détectives privés aussi attachants que dans le cycle.
20.45 : Soirée François Ozon, Club
Pour mémoire, car les trois films proposés passent régulièrement. Mais le choix est cohérent, illustrant bien les divers aspects du talent du cinéaste : le mélodrame avec Frantz (2016) à 20.45, adapté de L’Homme que j’ai tué de Maurice Rostand, la comédie policière avec 8 femmes (2002) à 22.35, le drame psychologique avec Swimming Pool (2003) à 00.20. On aime beaucoup le premier, peu le deuxième et on admire l’habileté du troisième.
20.45 : Vous ne l’emporterez pas avec vous de Frank Capra (1938), Classic
Le dernier passage (et le seul depuis 2015) ayant eu lieu le 28 avril 2017, après minuit, on peut imaginer que les spectateurs n’ont pas été très nombreux. Bonne occasion donc de rattraper ce qui demeure un des exemples les plus accomplis de la screwball comedy des belles années. La folie du clan Vanderfof-Sycamore est toujours aussi plaisante.
20.55 : Coin-Coin et les z’inhumains de Bruno Dumont (2018), Arte
Dernière partie (épisode 3 et 4) d’une série que nous n’avions pas pris la peine de signaler la semaine dernière. Mais il paraît qu’il y a des spectateurs qui ont aimé la première saison et qui supportent la seconde. Alors… Bienvenue au pays des débiles qui fascinent tant l’auteur.
20.40 : Soirée Edgar Wright, OCS Max
On ne pensait pas que Wright était un auteur suffisamment affirmé pour recevoir l’hommage d’une soirée. Mais comme nous n’avons vu que le premier des deux titres programmés, Baby Driver (2017) sans être très impressionnés, on espère que le second, Scott Pilgrim (2010) à 22.35 nous remettra dans le bon chemin..
20.45 : La Fille de Brest d’Emmanuelle Bercot (2016), Premier
Premier passage sur le câble de la reconstitution de l’affaire du Mediator. La cinéaste est plus convaincante ici que dans ses variations psychologiques (Elle s’en va, La Tête haute). Et surtout, il y a Sidse Babett Knudsen, dans le rôle de la pneumologue Irène Frachon. Comment une actrice d’apparence aussi peu charismatique peut nous étonner à chaque apparition, on n’en revient pas.
20.45 : Le vent se lève de Hayao Miyazaki (2013), Famiz
L’ultime film de l’animateur japonais. Somptueux, comme d’habitude, mais d’une tonalité déroutante : la célébration de l’ingénieur Horikoshi, avionneur génial, finit par la défense et l’illustration des pilotes kamikaze de la guerre du Pacifique. Japon militariste pas mort ?
22.05 : Guitry de toujours, Guitry pour toujours de Jacques Pessis (2018), Classic
Doc pas encore vu, par le spécialiste de Pierre Dac (ce qui est amusant, car on ne peut pas dire qu’entre 1940 et 1944, Dac et Guitry ait participé aux mêmes combats). Le personnage du Maître exige certainement plus de 50 minutes pour en faire le tour, avec sa mégalomanie, son égocentrisme, sa facilité d’écriture et ses ambiguïtés multiples. Côté cinéma, on peut lui accorder des inventions étonnantes (Le Roman d’un tricheur), des réussites (Bonne chance !, une séquence éblouissante de Donne-moi tes yeux, la première partie du Trésor de Cantenac, la méchanceté de La Poison) et des nanars historiques indéfendables (De Jeanne d’arc à Philippe Pétain, Si Versailles m’était conté, Napoléon, etc.). Mais on ne s’en débarrasse pas si aisément.
23.15 : Sam Spiegel, à la conquête d’Hollywood de Stephan Wellink & Robert de Young (2017), OCS Géants
Encore un doc inconnu. Mais le producteur fut un personnage si important dans le vieil Hollywood qu’un film qui retrace son trajet, même en une heure, est a priori intéressant. S’il n’a pas été un producteur prolifique - une vingtaine de films en cinquante ans -, il ne s’est pas souvent trompé. Certes, on évoque toujours Le Pont de la rivière Kwai et Lawrence d’Arabie, mais il a également produit Le Criminel (Welles), African Queen (Huston), Soudain l’été dernier (Mankiewicz) et La Poursuite impitoyable (Penn), ce qui suffirait à le faire entrer dans l’Histoire.