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Avant l’aurore (2015)
de Nathan Nicholovitch
publié le mercredi 19 septembre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 390, septembre 2018

Sortie le mercredi 19 septembre 2018


 


Le deuxième long métrage de Nathan Nicholovitch, après Casa Nostra (2012, Acid) et le court No Boy (2013, Clermont-Ferrand), se passe dans les ruines du Cambodge dévasté par les Khmers rouges et livrant ses laissés-pour-compte au capitalisme sauvage. Le film, d’abord intitulé De l’ombre il y a, se donne comme une réflexion sur l’image, sur la beauté des êtres perdus dans les ruines d’une civilisation cambodgienne jadis illustre, dont il ne reste que des bribes, des traces souillées par la misère et la trahison.


 

Mais Avant l’aurore, au-delà de son sujet prégnant, ne cherche pas à dénoncer une politique ou une société, mais à présenter des personnages hors du commun qui tentent par tous les moyens de renaître, comme Mirinda (David D’Ingéo, découvert dans Cosa Nostra).


 

Le film était à l’origine un court métrage. En se rendant au Cambodge pour les repérages, Nathan Nicholovitch, reçoit en plein visage la tragédie cambodgienne : "Phnom Penh, ses odeurs, sa langueur, son chaos, ses enfants qui mendient, son animation foisonnante qui, brutalement, au détour d’une rue, fait place au vide et à l’obscurité, vidée de ses habitants comme en avril 1975." Pour mieux traiter une telle situation, il décide de passer au long métrage.


 

La première partie du film est remarquable, avec sa mise en scène de petits événements qui prennent lentement et obstinément toute leur force.
C’est ensuite, en chargeant son scénario, que le cinéaste se perd dans les méandres d’une ville et d’un pays détruit aux ruines encore fumantes. Le réalisateur a voulu traiter trop de problèmes, en y mettant toute sa révolte devant l’état des choses : travestissement, prostitution, aide humanitaire dévoyée, drogue, etc. Et du coup, l’intérêt se dilue au long de cet amoncellement d’images tragiques et douloureuses.


 

L’arrivée de la petite Panna, vendue par ses parents, puis prostituée recueillie par Mirinda, représente l’acmé du film, malheureusement un peu trop anecdotique, sinon pour expliquer le changement radical du héros qui va peu à peu se sentir devenir père et quitter sa vie de travesti.


 

Ce reproche n’enlève rien à la beauté du film et au jeu étonnant de tous les protagonistes, professionnels ou non - avec un coup de chapeau pour David D’Ingéo, particulièrement présent et pathétique. Avec Mirinda, il nous offre un personnage représentatif de la déshérence d’unmonde occidental en partie responsable de ce cataclysme extrême-oriental.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 390, septembre 2018

Avant l’aurore (aka De l’ombre il y a). Réal, sc : Nathan Nicholovitch ; sc : David D’Ingéo, Clo Mercier ; ph : Florent Astoifi ; mont : Gilles Volta ; mu : Guillaume Zacharie. Int : David D’Ingéo, Panna Nat, Ucoc Iai, Clo Mercier (France-Cambodge, 2015, 105 mn).



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