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Leave No Trace (2018)
de Debra Granik
publié le mercredi 19 septembre 2018

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 390, septembre 2018

Sélection officielle de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2018.

Sortie le mercredi 19 septembre 2018


 


Un père et sa fille de 15 ans vivent clandestinement depuis plusieurs années dans Forest Park, immense parc naturel à la lisière de la banlieue de Portland, dans le Pacific Northwest. Une histoire vraie relatée dans L’Abandon, roman de l’écrivain américain Peter Rock et portée au cinéma par Debra Granik, réalisatrice de Winter’s Bone, Stray Dog et Down to the Bone, où elle évoquait déjà la vie de marginaux volontaires qui luttent pour leur indépendance. Le sujet est intéressant à plus d’un titre et le traitement de la littérature au cinéma dépasse les clichés habituels des adaptations.


 

Les deux héros, la fille, Tom (Thomasin Harcourt McKenzie), et le père, Will (Ben Foster), vivent dans des conditions précaires, sous des bâches de toile nichées sous les arbres et les branchages, camouflées à l’abri des regards. Toujours sur leurs gardes ils effacent et brouillent leurs pas. Leave No Trace est l’histoire d’une fuite, celle d’un vétéran détruit par la guerre qui tente avec sa fille de survivre malgré le traumatisme et d’inventer une vie en dehors de la société.


 

Adeptes de la décroissance, ils croient aux techniques primitives de survie. Le réalisme du film rend bien compte de la dureté du quotidien, des intempéries, de l’eau qui manque et de la faim. Et face à cela, il y a la volonté de montrer la vie dans ce qu’elle a de plus réelle, les moyens inventés pour la survie, les différentes astuces pour ne pas se faire repérer, pour trouver de l’eau malgré la pluie qui ne tombe pas…


 


 

Se mêlent dans le film une précision documentaire des moindres détails, un souci de l’information, ainsi que l’utopie et la folie d’un tel choix d’existence. Le livre égrenait beaucoup d’idées oniriques et originales que le film remplace par un réalisme et une recherche approfondie de la situation telle qu’elle est.

La solitude profonde endurée par les protagonistes qui est toutefois semée de belles rencontres, dont la dernière, à Squaw Mountain, dans l’Oregon, bercée par les airs folk de Michael Hurley et Marisa Anderson, et qui sera aussi le lieu de la séparation.


 

Mené par un duo d’acteurs remarquables, aux personnalités très attachantes, à la fois intériorisées et accueillantes, sensibles et secrètes, ce film nous emmène loin des sentiers battus.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 390, septembre 2018


Leave No Trace. Réal, sc : Debra Granik ; sc : Anne Rossellini, d’après Peter Rock ; ph : Michael McDonough ; mont : Jane Rizzo ; mu : Dickon Hinchliffe. Int : Thomasin McKenzie, Ben Foster, Jeffery Rifflard, Michael Draper, Derek Drescher (USA, 2018, 109 mn).



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