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Linder, Max (1883-1925)
Sur six films courts
publié le dimanche 21 septembre 2014

par Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe
(21 septembre 2014)

Après la récente inauguration du siège de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé dans le bel immeuble de l’avenue des Gobelins conçu par Renzo Piano, nous souhaitions voir si le public serait au rendez vous du cinéma muet et nous n’avons pas été déçus.

La belle salle de projection (de 70 places) était pleine, en ce mercredi ensoleillé de septembre.

Au programme, six films courts de Max Linder (1883-1925)

Peu d’enfants, majoritairement des adultes, habitant du quartiers ou étudiants étrangers de passage à Paris.

Un auditoire réceptif accueille la brève introduction de Dominique Ehrenfried qui présente, Max, "le premier dandy de l’histoire du cinéma", dans quelques-uns de ces "joyaux-Pathé", datant d’avant la Première Guerre mondiale, restaurés, et projetés en format 35 millimètres.

Le jeune pianiste qui accompagne la séance, Nicolas Worms, élève du Conservatoire de danse et de musique de Paris est également chargé du rôle de "bonimenteur", la copie étant sans intertitres. Le musicien résume l’action avant chaque film.

Max et l’inauguration de la statue (1913, 14 mn).

Max, charmant, souriant, impeccablement vêtu, dans un décor bourgeois (intérieur surchargé de meubles massifs et de plantes d’appartement) qui servira à chaque fois, reçoit une invitation à un bal masqué. Il se réjouit. Enthousiaste, il se rend dans un magasin de déguisements, en essaie quelques uns, malheureusement déjà loués.
Il s’en va dépité ; mais le vendeur le retient et lui suggère une superbe armure. Max n’hésite pas. Tel le chevalier Bayard, il entre au bal de l’Opéra où il se taille un franc succès. Il séduit une belle, l’entraîne dans la danse, tente de l’embrasser, malgré le casque, boit plus que de raison… Le hasard veut qu’un ministre (de la guerre) inaugure précisément une statue de Bayard…

Duel de Max (1911, 11 mn)

Autre variation sur le thème du double et de la méprise. Max a un rival, un baron qui le bat au cours d’un duel. La belle ne cache pas son déplaisir. Le baron tente de la reconquérir par la ruse. Il s’introduit dans la chambre de Max, détache la glace de la psyché, et se place en face de lui, imitant ses mimiques, muni d’un faux nez…Max ne sera rassuré que par le regard de son amoureuse… Ce sketch du miroir, probablement un vieux numéro de music hall, sera repris dans Sept ans de malheur, réalisé par Max Linder en 1921 aux États-Unis.
Les Marx Brothers s’en souviendront pour Duck Soup (1933).

Les Surprises de l’amour (1909, 6 mn 30)

Le film écorne la famille bourgeoise en en montrant les faux-semblants. Un repas dominical traîne en longueur : Max s’éclipse le premier, rafraîchît un bouquet de fleurs assez mal en point et file chez une dame, fidèle réplique de sa matrone de mère.
Il n’a pas le temps de s’installer qu’arrive un second drille, son propre frère, puis un troisième : son père, on l’aura deviné. Chacun se cache, qui dans une armoire, qui dans le piano, qui sous un lourd tissu. La dame s’en amuse fort avec une sienne amie. Les trois hommes sont liés par la loi du silence : le père, sourire en coin, fait don d’un gros billet à chacun de ses fils.


Max veut apprendre à patiner (1907, 6 mn)

Le film est tourné en extérieur. On reconnaît le bois de Boulogne sous la neige. Max chausse des patins et s’élance, et tombe, entraîne d’autres patineurs dans sa chute, ainsi que des promeneurs comme ce vieux monsieur en chaise roulante…
Il ne fait pas de doute que ce film inspirera Chaplin dans le court métrage génial The Rink (1916)

Max veut grandir (1912, 12 mn).

Max a trouvé l’élue de son cœur et veut se marier. Le futur beau-père n’acceptera qu’un gendre de haute stature. Max s’en ouvre à un ami qui lui suggère de monter sur ses épaules et de se vêtir d’un long manteau. Tel un géant, il va faire sa demande et est reçu à bras ouverts jusqu’à ce que le subterfuge soit découvert. Max est alors chassé comme un malpropre. Il ne se décourage pas pour autant et se rend chez un médecin qui lui tire le cou. Puis chez un autre qui le fait passer sur un curieux appareil. Max est enfin grand. Le film se termine par une procession, tournée en extérieur : en tête, le grand Max et sa minuscule épouse. Suivent des personnages juchés sur des échasses avec de grosses têtes et d’énormes marionnettes, comme dans un défilé de carnaval. Une bande pré-surréaliste.

Max victime du quinquina (1912, 19 mn)

Max a de nouveau affaire à la médecine. Il se sent faible et va consulter. Le médecin lui prescrit du quinquina et il avale la bouteille, à la paille, dans un grand verre à Bordeaux. Aussitôt requinqué, il a toutes les audaces et cherche querelle successivement à trois notables, disputant à l’un un taxi, à l’autre son accompagnatrice, torée avec les forces de l’ordre ou les embrasse avec effusion. Il passe trois fois par la fenêtre, mais reste toujours léger, souriant, toujours prêt à recommencer.


Le programme qui ne respectait pas l’ordre chronologique, était extrêmement bien rythmé, l’accompagnement musical spirituel et bourré de trouvailles.
Gageons que l’on découvrira (ou redécouvrira) encore bien des perles dans cet ancien théâtre, puis cinéma populaire de l’avenue des Gobelins.

Nicole Gabriel
Jeune Cinéma en ligne directe
(21 septembre 2014)

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