Rémi Waterhouse (1956-2014)
par Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe
(22 septembre 2014)
Rémi Waterhouse est mort il y a quelques jours, le 21 septembre 2014.
Aux yeux du grand public, son œuvre est courte : un scénario qui a cassé la baraque, Ridicule (1996), deux longs métrages, Je règle mon pas sur le pas de mon père (1999) et Mille millièmes (2002).
Mille millièmes, fantaisie immobilière - Bande... par _Caprice_
Depuis, la maladie l’a empêché de mener à bien d’autres projets - on a simplement relevé son nom au générique d’un téléfilm, Manon Lescaut (Gabriel Aghion, 2013), d’après un de ses scénarios.
Œuvre courte, donc, mais riche.
On ne reviendra pas sur Ridicule et ses quatre César, qu’il aurait dû réaliser, mais que les producteurs ont préféré confier à un cinéaste plus "bankable", Patrice Leconte.
Le très prometteur Je règle mon pas…, malgré Jean Yanne et Guillaume Canet, a plus représenté un succès d’estime critique que public.
On ne connaît pas le nombre de spectateurs de Mille millièmes, mais il n’a assurément pas été à la hauteur de ce que cet excellent "petit" film méritait - la meilleure vision, intelligente et drôle, de ce bouillon de culture qu’est la copropriété moderne, à classer, avec Des enfants gâtés de Tavernier, au premier rang dans la saga de l’habitat urbain contemporain.
Nous l’avions connu, il y quelques décennies, tout jeune adulte, passionné de cinéma.
Il faut dire qu’il chassait de race : entre son grand-père, le cher Jacques-Bernard Brunius et ses cousines Loleh et Yannick Bellon, il lui était difficile d’échapper à la fascination pour la pellicule.
Cultivant un humour très british - influence de JBB, installé à Londres depuis 1940 et plus anglais que nature -, il avait soigneusement et longuement préparé son premier court métrage, La Conquête des étages, titre inconnu des répertoires (est-il jamais sorti ?), que l’on aimerait bien revoir tant il nous avait réjoui à l’époque.
Mais c’est par la voie du scénario qu’il est vraiment entré en cinéma, en écrivant les dialogues de La Triche, pour Yannick Bellon, en 1984.
Puis, toujours avec elle, les scénarios des Enfants du désordre (1989) et de L’Affût (1992), après un détour chez René Féret (L’Homme qui n’était pas là, 1987).
Ensuite, l’écriture de Ridicule, longtemps peaufiné, et le regret de ne pas avoir pu endosser le film jusqu’au bout.
On l’aimait beaucoup, Rémi, pour son humour, sa gentillesse, sa fragilité apparente qui recèlait l’obstination nécessaire pour tenir sa place dans le spectacle organisé.
Si sa filmographie n’est pas ce qu’elle aurait dû être, on peut savourer pleinement les quelques traces qu’il a laissées de son réel talent.
Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe
(22 septembre 2014)