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Célébration (2007)
de Olivier Meyrou
publié le mercredi 14 novembre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sélection de la Berlinale 2007

Sortie le mercredi 14 novembre 2018


 


Olivier Meyrou, ancien de la Fémis et lauréat de la Villa Médicis hors les murs (à New York), nous propose un beau documentaire, habité et fantomatique à la fois, sur les derniers mois du règne de Yves Saint Laurent, (1) ce prince de la haute couture.


 

Après sa mort, Pierre Bergé, (2) son Pygmalion, a vendu les locaux de la maison de couture de l’avenue Marceau. Ces locaux désertés font penser aux décors du film de Paul Thomas Anderson, Phantom Thread (2017), comme si toutes les maisons de couture avaient au fond la même âme. Quelque chose entre le décor de théâtre, puisque souvent les protagonistes de cette comédie humaine y font des apparitions, cachés derrière des rideaux, et une petite entreprise familiale qui ne connaît pas la crise.


 

Olivier Meyrou, après avoir réalisé Zelda, un documentaire sur la directrice de la marque YSL aux États-Unis, Connie Uzzo, (3) s’est vu proposer par celle-ci de rencontrer Pierre Bergé. Il tissera avec lui des liens qui lui permettront de pénétrer dans ce monde secret et délicat de la mode et de ses effets pervers. Pourtant, le réalisateur reste très discret et c’est justement cette discrétion qui lui permet de nous dévoiler, grâce à la bénédiction de Bergé, présent sur tous les fronts, des préparatifs aux défilés, des instantanés que personne d’autre n’avait saisis. (4)


 


 

Il n’y a que lorsque Yves Saint Laurent dessine ses croquis dans son bureau que Pierre Bergé n’est pas présent. Le film s’ouvre sur la solitude du créateur, lorsqu’on voit les mains du couturier dessiner ses derniers modèles dans le calme de son studio.
Célébration alterne savamment le noir & blanc et la couleur, pour donner à voir ces deux personnages qui se complètent et se défient, l’un tout en gesticulations et bravades, souvent filmé en couleurs parce qu’il est dans la vie et le monde, et l’autre timide et réservé, imposant le silence et la retenue à son personnel, tout à son admiration pour l’homme et le génie qu’il semblait être.


 


 

Cette dualité se fait sentir notamment dans la belle scène de l’anniversaire de Yves, lorsqu’à la magnifique table dressée pour la circonstance, Pierre Bergé, de face, s’adresse à l’auditoire, dont Yves Saint Laurent, de dos. Cette séquence en dit long sur les relations entre les deux hommes, qui furent aussi amants.


 

On retiendra les images en noir & blanc de la rencontre à New York entre Saint Laurent et la journaliste Janie Samet, dans un savant clair-obscur, devant une fenêtre ouverte sur la ville.


 


 

Ou encore, la préparation et le défilé du célèbre Pyramidion, ou le dernier défilé très émouvant, dans la maison de couture. Mais aussi la main d’YSL tenant un crayon Staedtler et dessinant, lentement, mais sûrement. On retiendra aussi les "petites mains" visitant la maison maintenant délaissée, ou ces mannequins qui se tiennent dans l’ombre, de même que les visites incessantes du mannequin vedette de l’époque, Laetitia Casta.


 

Et surtout les admirables plans sur le bouledogue français, Moujik, aux pieds de son maître qui n’est jamais "ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre", sorte de mascotte du créateur et de sa maison de couture.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Yves Saint Laurent (1936-2008).

2. Pierre Bergé (1930-2017).

3. Zelda de Olivier Meyrou (1997). Pierre Bergé a organisé une projection du film au Centre Pompidou.

4. Célébration, tourné entre 1998 et 2001, présenté à la Berlinale de 2007, a, ensuite, été interdit d’exploitation par Pierre Bergé.

Célébration. Réal : Olivier Meyrou ; ph : Florian Decarsin & Jean-Marc Bouzou ; mont : Cathie Dambel & Amrita David ; mu : François Eudes Chantrault (France, 2007, 73 mn). Documentaire.



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