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Chatouilles (les) (2018)
de Andréa Bescond & Éric Métayer
publié le mercredi 14 novembre 2018

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 388-39, été 2018

Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 14 novembre 2018


 


Le titre, qui évoque l’enfance, le jeu, les rires et l’amour, cache un sujet grave : la pédophilie. Une petite fille de 8 ans, qui aime danser et dessiner, se voit proposer par un ami très proche de ses parents de jouer aux "chatouilles". Pourquoi refuserait-elle ? Le "jeu" ne sera qu’une longue et terrible torture.
Andréa Bascond, raconte sa propre histoire, celle de ce "viol" qui a meurtri et volé sa jeunesse, déjà mis en scène au théâtre avec succès.


 

Odette est danseuse et mène une vie agitée. La danse est le seul exutoire à sa révolte intérieure, à cette douleur du secret gardé devenu insupportable, à ce traumatisme qui a fait d’elle une fille à problèmes, entre drogue et alcool, manque d’amour et d’estime de soi, relations sexuelles sans lendemain.


 


 

Elle est persuadée d’être responsable de ce qui lui est arrivé. Le film décrit de manière bouleversante l’emprise de l’adulte sur l’enfant, celle de l’agresseur et celle de la famille.

La psy qu’elle décide enfin de consulter incarne le regard du spectateur. On pénètre dans le puzzle de la mémoire traumatique où se mêlent fantasme de libération de la parole et souvenir très cru, très réaliste.
Odette se remémore de manière chaotique différentes strates temporelles qui la font se retrouver face à elle-même et au vide.


 


 

Le chemin est long avant de refuser le déni et de dénoncer le coupable. Car elle a conscience des dommages qu’elle va provoquer, jusqu’à faire éclater sa famille : Karin Viard, sa mère, dont toute la vie repose sur des convictions et des idées reçues, Clovis Cornillac, son père, mélange de douceur et de force, soumis à son épouse et aveuglé par son amitié avec ce prédateur qui n’a rien du profil attendu du pédophile.


 


 

Celui-ci (Pierre Deladonchamps) est lumineux, intelligent, il a une vie réussie, une famille solide et ne connaît pas la misère sociale, affective ou sexuelle.


 


 

Les Chatouilles, par sa mise en scène solaire, son refus de tout regard clinique, sa poésie et son humour qui finissent par fissurer la chape de plomb, prouve que le cinéma est toujours nécessaire pour faire exploser les tabous.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 388-39, été 2018

Les Chatouilles. Réal, sc : Andréa Bescond & Eric Métayer ; ph : Pierre Aïm ; mont : Valérie Deseine ; mu : Clément Ducol. Int : Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Carole Franck (France-Belgique, 2018, 103 mn).



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