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Yomeddine (2018)
de A.B. Shawky
publié le mercredi 21 novembre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°388-389, été 2018

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 21 novembre 2018


 


Yomeddine avait tout pour remporter la Palme, ou tout au moins quelques petits prix. Or, il n’en est rien et il rentre bredouille d’un festival qui se veut pourtant politiquement très correct et qui donne une image très lisse de la pensée unique.
Pourtant, c’est un beau film, même si le sujet qu’il aborde est d’une tristesse sans borne, mais justement parce que son traitement l’est moins, et qu’il se présente parfois de façon quelque peu poétique. En effet, le mérite de A. B. Shawky est d’avoir fait fi du naturalisme, et encore plus du misérabilisme dans cette présentation du petit peuple égyptien en souffrance. Pourtant, à Cannes, on éprouvait un certain malaise devant la montée du tapis rouge, seulement foulé par le réalisateur et sa productrice, robe de soirée et smoking, en l’absence des acteurs, et pour cause.


 

Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de sa femme, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres biens entassés sur une charrette tirée par son âne. Vite rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Égypte et affronter ainsi le monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…


 

Tourné avec des non-professionnels, abîmés par la vie et la maladie, le film fait parfois penser à Freaks, l’admirable film de Tod Browning (1), mais un Freaks qui aurait perdu sa dimension épique, Yomeddine se présentant sous la forme d’un road-movie social oubliant la symbolique qui délivre Freaks de tout voyeurisme.


 


 

L’acteur principal (Rady Gamal) est magistral de sincérité, comme le petit garçon qui l’accompagne (Ahmed Abdelhafiz), ainsi que que les personnes qu’ils rencontrent dans leur périple et qui sourient au milieu des décombres de leur pauvre vie, avec parfois des haltes magiques et photogéniques dans les entrailles des Pyramides et des souks de la Haute-Égypte.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n°388-389, été 2018

1. Freaks (aka La Monstrueuse Parade) de Tod Browning (1932). Le film a aussi été tourné avec des non-professionnels.


Yomeddine. Réal, sc : A.B. Shawky (Abu Bakr Shawky) ; ph : Federico Cesca : mont : Erin Greenwell ; mu : Omar Fadel. Int : Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz (Égypte, 2018, 97 mn).



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