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Maya (2018)
de Mia Hansen-Løve
publié le mercredi 19 décembre 2018

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma} n° 391, décembre 2018

Sortie le mercredi 19 décembre 2018


 


Le nouveau film de Mia Hansen-Løve, très attendu, est un peu décevant, par son scénario et le classicisme de sa facture. Mais il n’est pas inintéressant, car il pose clairement les problèmes que soulève le métier de reporter en zone de guerre, fascinant tant sur le plan politique que sur le plan purement romanesque. Encore plus lorsque ce reporter est fait prisonnier et risque sa peau, événement qui va occuper pendant de longues semaines les JT qui en feront leur os à ranger, en attendant le prochain.


 


 

Paul Bonnecarrère, le grand-père de Mia Hansen-Løve, était correspondant de guerre pour Paris-Match. C’est donc en quelque sorte un portrait de ce grand-père, à la figure héroïque, auquel elle rend un bel hommage en le faisant incarner par Roman Kolinka (fils de Marie Trintignant), à la présence énigmatique et un peu irréelle, déjà présent dans deux de ses films précédents.


 

C’est un bon choix, ainsi que celui de la jeune fille qui va s’amouracher en Inde de cette attirante figure de héros attirante. En effet, Aarshi Banerjee, dans le rôle-titre, non-professionnelle pour la première fois à l’écran, est impressionnante de naturel et de vérité. Les autres acteurs, comme Alex Descas dans le rôle de Frédéric, compagnon d’infortune de Gabriel-Kolinka, apportent au film sincérité et sensibilité - même si parfois trop appuyée, le scénario cèdant un peu à la facilité.


 

Le film oscille sans cesse entre la prise de conscience politique, à travers les récits de reportages de guerre de Gabriel, pourtant très discret et mutique, la défiance face aux actions diverses des dirigeants et le désir qui naît peu à peu entre lui et Maya, relation en demi-teinte d’une attirance entre un jeune homme et une toute jeune fille dont c’est la première histoire d’amour.


 


 

La caméra se fait très discrète à ce sujet. Déjà parce qu’un reporter de guerre ne peut pas s’attacher à une femme - il a déjà quitté sa petite amie de Paris pour cette raison.
Ensuite parce que Mia Hansen-Løve tente clairement de rendre hommage au film de Jean Renoir, Le Fleuve, et à la trilogie d’Apu de Satyajit Ray, toutes œuvres très pudiques (1).
L’influence de ces maîtres se fait sentir, à travers la photo de Hélène Louvart.
Mais peut-être Mia Hansen-Løve a-t-elle eu un peu peur d’entrer trop profondément dans le drame des guerres et le mystère de l’amour. Elle est restée à la surface des choses, et c’est pourquoi nous ressentons une légère déception.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma n° 391, décembre 2018

1. Le Fleuve (The River) de Jean Renoir est un film américain (1951).

2. La "trilogie d’Apu" est constituée par trois films de Satyajit Ray : Pather Panchali (1955), Aparajito (1956) et Le Monde d’Apu (1959).

Maya. Réal, sc : Mia Hansen-Løve ; ph : Hélène Louvart ; mont : Marion Monnier. Int : Romain Kolinka, Aarshi Bannerjee, Alex Descas, Judith Chemla, Joanna ter Steege (France, 2018, 107 mn).



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