home > Au fil du temps > Salut les câblés ! (2014-2022) > Salut les câblés ! (2019) > Semaine télé du 16 au 22 février 2019
Semaine télé du 16 au 22 février 2019
Salut les câblés !
publié le samedi 16 février 2019

Jeune Cinéma en ligne directe


 

La antena de Esteban Sapir (2007)

La lassitude est trop forte : s’affliger, sept jours durant, devant les programmes répétitifs, se plaindre devant une énième soirée Spielberg ou Scorsese ou Hunger Games 1 à 4 ou Le Parrain 1 à 3 ou Rush Hour 1 à 3, ou Rocky 1 à 6, ou le dixième passage de, etc., ça finit par être toxique.

Cette semaine, un programme dégraissé, qui ne relève que les films inédits sur le câble (et qui valent d’être vus) : en définitive, ils ne sont pas si nombreux.
Et si on veut rester à la maison, les autres sources ne manquent pas.

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 16 février 2019

 

20.50 : Le Président et miss Wade de Rob Reiner (1995), Club
La comédie du soir, fort réussie comme (presque) tout ce qu’a réalisé Reiner (à quand une réédition de Princess Bride ?). C’est de la romance, certes, mais le costume de président va comme un gant à Michael Douglas (comme il ira plus tard à Martin Sheen, qui fait partie de la troupe). Et Annette Bening est une actrice rare, qu’on oublie souvent mais qui est toujours remarquable.

22.20 : Les Copains du dimanche d’Henri Aisner (1956), Classic
Le grand inédit du jour, véritablement inédit car il n’est jamais sorti. Il s’agit pourtant du premier film dans lequel Belmondo occupe le premier rôle, trois ans avant À double tour. Pour des raisons compliquées (pour des renseignements complets, cf. Laurent Bourdon, Définitivement Belmondo, Larousse, 2017), le film n’est sorti qu’en Allemagne de l’Est en 1958 et n’a connu qu’un passage à la télévision (en juillet 1967 !). L’auteur, qui a surtout travaillé avec le PCF, fait partie des grands oubliés, malgré le succès de son premier film, Le Mystère de la chambre jaune (1948) avec Serge Reggiani. Jeune Cinéma a prévu de l’examiner de plus près un jour prochain.

23.00 : Rancho Deluxe de Frank Perry (1976), TCM
Encore un film inconnu. Même Tavernier (ou Coursodon) avoue n’en avoir que des souvenirs incertains. Mais Jeff Bridges et Elizabeth Ashley sont des acteurs fréquentables et Perry est un drôle de bonhomme, capable de tourner des films aussi dissemblables que David et Liza, Doc Holliday et The Swimmer, ce chef-d’œuvre. Donc, découverte probable.

 

Dimanche 17 février 2019

 

20.40 : The Big Short : le casse du siècle d’Adam McKay (2015), OCS City
Même si on ne comprend rien aux mécanismes financiers à ce niveau, la fascination reste constante, comme devant les différents Wall Street d’Oliver Stone. Univers haïssable, mais si agréable à découvrir par écran interposé, sans danger. Le générique est "golden" : Brad Pitt, Christian Bale (que McKay a repris pour Vice), Ryan Gosling, Steve Carrell - et la chère Melissa Leo, que tous les fans de Treme suivent avec attention et nostalgie.

20.50 : Dark Waters d’André De Toth (1944), Classic
On ne connaît pas ce troisième film américain du "dernier borgne d’Hollywood". Coursodon (ou Tavernier) ne lui consacre que quelques lignes dans 50 ans de cinéma américain, mais on ne demande qu’à vérifier si le film manque vraiment de tension - sur un scénario de Joan Harrison, en vacances d’Hitchcock, et de John Huston, que le fougueux De Toth n’ait pas donné son meilleur, ce serait étonnant. Si Franchot Tone ne nous remue pas trop, en revanche Merle Oberon… Le numéro de février de Jeune Cinéma, bientôt disponible, consacre un long article à De Toth.

 

Lundi 18 février 2019

 

20.40 : Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg (1970), OCS Géants
Après avoir été un des meilleurs photographes américains des années 60 (cf. sa série des portraits de Dylan en 1965-66), Schatzberg découvrit la photographie animée et signa une poignée de très grands films, dont celui-ci fut le premier. La narration n’est pas linéaire - Puzzle of a Downfall Child précise le titre original -, mais on se laisse guider sans effort dans ce tableau éclaté. Faye Dunaway n’a jamais été aussi éblouissante.

20.50 : Mes provinciales de Jean-Paul Civeyrac (2018), Club
Un film de Civeyrac sur le câble, et à l’heure la mieux située, c’est une surprise, et un cadeau. Dire que c’est du cinéma pour amateurs n’est pas lui faire injure, car l’auteur ne s’adresse qu’au petit nombre. Non par morgue ou élitisme. Simplement, les sujets qui l’intéressent n’ont pas de quoi mobiliser le grand (ni le moyen) public - adapter Jean de Tinan comme il l’a fait avec Le Doux Amour des hommes (2002) et trouver l’équivalent de la juste tonalité de la petite musique de cet écrivain raffiné fut un pari gagné. Nous le suivons depuis vingt ans et plus - Ni d’Eve ni d’Adam fit sensation en 1997 - avec un plaisir constant.

23.05 : Cinémas mythiques de Joël Farges (2018), Club
Doc à la gloire du Champo, une des salles parisiennes les plus anciennes (ce n’est pas la plus âgée : le Panthéon, les Ursulines et le Studio 28 ont un peu plus de bouteille) et qui a fêté ses 80 ans il y a peu. Bonne occasion pour découvrir son passé. Elle conserva longtemps la renommée d’une des pires projections de la capitale, avec son appareil situé au-dessus de l’écran et le "point" jamais tout à fait respecté. Mais c’est là que dans les années 50, on pouvait se repaître de Une nuit à l’Opéra et de Hellzapoppin’, et, ça, c’est inoubliable.

 

Mardi 19 février 2019

 

22.15 : Pauline s’arrache d’Émilie Brisavoine (2015), Club
Premier et unique film (pour l’instant) réalisé par cette jeune actrice découverte dans La Bataille de Solférino de Justine Triet (2013). L’expérience est assez étonnante : elle a filmé, à la maison, sa demi-sœur durant deux ans, dans une famille tuyau-de-poêle dont la mère vit sur ses souvenirs de star des nuits parisiennes et le père se travestit. C’est du cinéma de proximité, qui ignore le plan d’ensemble. Irritant au début, intrigant ensuite, fascinant en bout de course. En tout cas, neuf.

00.40 : Dossier secret d’Orson Welles (1955), TCM
Welles inédit ? Oui, sur le câble. Encore un film wellesien, c’est-à-dire tourné dans l’urgence, au fil des financements et des voyages, un chef-d’œuvre boiteux comme seul Orson savait les faire et dans lesquels il adorait se déguiser (son coton dans les narines, c’est quelque chose).

 

Mercredi 20 février 2019

 

20.50 : Innocents : The Dreamers de Bernardo Bertolucci (2003), Club
L’idée de venir de nouveau tourner à Paris a longtemps tenaillé le cinéaste. Mais y tenter de recréer Mai 68, même avec précaution et plus de façon poétique qu’avec exactitude, était-ce une bonne idée ? Pas sûr - de toutes façons, tous ceux qui s’y sont essayés se sont plantés en beauté - voir Après mai de Olivier Assayas. Le soin apporté à la fabrique de l’étrangeté - le titre décrit bien ce désir de rêve - en fait un produit curieux, à la fois insatisfaisant (et l’interprétation de Louis Garrel en rajoute) et attachant, dans lequel on retrouve des éclairs de Bertolucci, noyés dans la brume. Il devra attendre une dizaine d’années pour tourner un ultime film, Io et te, celui-ci vraiment réussi.

20. 55 : Gloria de John Cassavetes (1980), Arte
Cassavetes inédit sur le câble ? Comme Welles hier. Et Gloria n’est pas le seul titre jamais proposé aux abonnés : on attend toujours Minnie and Moskowitz, et Love Streams. On n’est pas toujours enchanté lorsque Gena Rowlands est dirigé par son époux : son numéro dans Une femme sous influence est peu supportable. Mais ici, dans le cadre serré d’un film de gangsters, où John ne lui demande pas de prouver qu’elle est une grande actrice, elle est superbe.

22.55 : Gena Rowlands de Sabine Carbon (2017), Arte
Doc inconnu, mais quelle meilleure manière de terminer la soirée d’Arte ?

 

Jeudi 21 février 2019

 

20.50 : Free State of Jones de Gary Ross (2016), Premier
Ross est un cinéaste qu’on a un peu de mal à catégoriser - entre Pleasantville, Seabiscuit et Hunger Games, quel est le point commun, sinon l’efficacité (et l’agrément) du produit ? Son histoire de déserteurs anti-esclavagistes dans l’État du Mississippi pendant la guerre de Sécession est un scénario de lui, on peut donc présumer qu’il n’est pas uniquement un pourvoyeur en films divertissants. Quant à Matthew McConnaughey, on ne s’en lasse toujours pas - et Mahershala Ali, l’acteur qui monte, est dans le coup.

20.50 : 20th Century Women de Mike Mills (2016), Émotion
On n’a rien vu de Mills - et ce titre-là non plus. Mais le film a la réputation de penser du bon côté, avec des rôles féminins positifs. Ce sera un plaisir de retrouver Annette Bening, vingt et un ans après le film de Rob Reiner vu samedi, surtout entourée d’Elle Fanning et de Greta Gerwig.

 

Vendredi 22 février 2019

 

20.50 : It Follows de David Robert Mitchell (2014), Frisson
Ou comment, à partir d’un scénario basique en poncifs, déboucher sur un (petit) film de terreur véritable, inventif et plaisant. Depuis, l’auteur a confirmé son talent : Under the Silver Lake (Cannes 2018), même s’il n’a pas eu le succès public qu’il méritait, ouvrait des perspectives inédites, en détournant des thèmes fantastiques éprouvés. Réalisateur à surveiller.

20.50 : Danton d’Andrzej Wajda (1982), Club
Le film était une commande officielle de Jack Lang, ministre de la Culture tout récent, pour célébrer la République (il y eut d’autres commandes, en 1989, au moment du bicentenaire). L’institution attendait un film moins critique sur la période concernée, la Terreur. Si Wajda tournait en France, c’est parce que la glaciation avait repris en Pologne, avec l’interdiction de Solidarnosc. Il est certain que l’ombre de la répression à Varsovie a influencé sa peinture de la Révolution à Paris.
À la relecture, le film est un peu coincé aux entournures, comme si la respiration lui manquait parfois. Mais les années 1789-1794 n’ont jamais trouvé un réalisateur qui leur rende hommage - sauf peut-être Ariane Mnouchkine, qui a échappé, dans 1789, à l’imagerie d’Épinal.
Mais Gance, Renoir, Enrico, sans oublier Pierre Schoeller (excellent par ailleurs) s’y sont émoussé les dents. Il fallait une approche autre, comme celle de Peter Watkins pour la Commune. Mais passons. Depardieu en fait beaucoup dans le rôle-titre (mais c’est le personnage qui le réclame). Quant aux autres, Wojciech Psozniak, Patrice Chéreau, Anne Alvaro et Angela Winkler, ils sont tout à fait à leur place.



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts