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Still the Water (2014)
de Naomi Kawase
publié le mercredi 1er octobre 2014

Par Gérard Camy
Jeune Cinéma n°360 été 2014

Sélection officielle du festival de Cannes 2014
Sortie le mercredi 1er octobre 2014

Depuis Suzaku, Caméra d’or en 1997, Naomi Kawase propose, film après film, une réflexion dont l’apparente simplicité cache une complexité, fondamentale mais apaisée, autour de la vie et la mort, la symbiose entre l’homme et la nature, la mémoire d’un lieu, le cycle de la vie et sa transmission.

Quittant la ville de Nara et sa région où elle avait tourné la plupart de ses films précédents, la cinéaste a posé sa caméra sur l’île de ses ancêtres, Amami, où elle a découvert des habitants vivant en harmonie avec la nature, pensant qu’un Dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante, et qu’au-delà des mers, se trouve un pays merveilleux nommé Neriyakanaya où se rendent les âmes des hommes.

Naomi Kawase saisit magnifiquement les éléments fascinants de cette île, la nature par toutes ses facettes (du calme à la tempête), bien sûr, mais aussi les rites et coutumes des habitants.

À travers l’histoire de deux adolescents, à l’écart des tumultes de la société et vivant des moments douloureux - la lumineuse Kyoko accompagne les derniers instants de sa mère atteinte d’un cancer, et Kaito, jeune garçon mutique, supporte mal la séparation de ses parents - elle construit une très belle histoire d’apprentissage et de transmission.
L’un comme l’autre cherchent à comprendre le sens de la vie, l’absurdité de la mort, les ressorts de l’amour.

Un soir d’été, Kaiko découvre le corps d’un homme flottant dans la mer.
Kyoko va l’aider à percer ce mystère.
Ensemble, ils apprennent à devenir adultes, c’est-à-dire accepter les autres, avancer tout en gardant en mémoire nos douleurs, en continuant à voir le monde tel qu’il peut être par moment : d’une beauté inestimable.

L’émotion qui émane de ce film envoûtant finit par nous submerger.
Kawase capte la belle nuance d’un ciel, l’ombre rassurante d’un banyan centenaire, le déchaînement brutal des éléments, stimule notre imagination.

Les deux jeunes acteurs qui jouent Kaito et Kyoko, emportés par des travellings somptueux sur leur vélo, cheveux au vent, déjà amoureux, lui devant et elle derrière debout contre lui, ont la fraîcheur et le naturel des débutants.

Quant à Fujio Tokita, vieux routier des films de Akira Kurosawa et de Shohei Imamura, en Papi Tortue, sage vieillard qui semble avoir tout compris des secrets de la vie, il accompagne, discret et rassurant, leur apprentissage.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n°360 été 2014

Still the Water (Futatsume no mado). Réal, sc : Naomi Kawase. Int : Jun Yoshinaga, Nijiro Murakami, Tetta Sugimoto, Fujio Tokita. (F/J/IRL/E, 2014, 118 mn).

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