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Moissonneurs (les) (2018)
de Étienne Kallos
publié le mercredi 20 février 2019

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018

Sélection officielle Un certain regard au Festival de Cannes 2018

Sortie le mercredi 20 février 2019


 


Dans une famille afrikaner chrétienne rigoriste et conservatrice d’Afrique du Sud, les parents ont trois filles. Pour travailler aux champs, ils adoptent un premier garçon, Janno, qui a su s’intégrer à la famille, puis, bien plus tard, un second, Pieter, un orphelin de la ville qui souffre de divers maux et est sujet à de violentes crises.


 

D’emblée, le contexte est posé. La famille, très pieuse, consacre beaucoup de temps à la prière, présente à chaque plan. L’éducation des filles est négligée, celle des garçons, en revanche, préoccupe le couple. La mère supplie le ciel de leur donner la force de vivre et de procréer.


 


 

À ce climat familial déjà lourd, dans un pays post-colonial et post-apartheid, s’ajoute l’homophobie ambiante déclarée. Les Afrikaners vivent isolés, craintifs et repliés sur eux-mêmes, dans un pays où le régime a longtemps semé le racisme et toutes les formes d’ostracisme.


 

À partir de cette situation riche en complications psychologiques, Étienne Kallos, dont c’est le premier long métrage, va concentrer l’intérêt sur les deux fils adoptés, ennemis et cependant fraternels. Ce qui s’exprime entre eux et, finalement, se révèle est comparable aux grandes fresques paysannes des romans américains de John Steinbeck (East of Eden) ou de William Faulkner.


 

Brent Vermeulen (Janno) et Alex Van Dyk (Pieter) ont tous deux des physionomies opposées, l’un tout en intériorité et délicatesse, l’autre dans l’expressivité la plus débridée. Les deux caractères s’éprouvent et construisent la plus grandiose des tragédies classiques qui s’achève dans un dénouement dramatique : la mort de Janno.


 

L’incendie final, élément assez récurrent dans ce genre filmique, arrive comme la rédemption sur un monde chargé de jalousie, de convoitise et de trahison.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n° 388-389, été 2018


Les Moissonneurs (Die Stropers). Réal, sc : Étienne Kallos ; ph : Michal Englert ; mont : Muriel Breton ; mu : Evgueni & Sacha Galperine. Int : Brent Vermeulen, Alex Van Dyk, Juliana Venter, Morne Visser (France-Grèce-Afrique du Sud-Pologne-Suisse, 2018, 102 mn).



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