home > Films > On ment toujours à ceux qu’on aime (2018)
On ment toujours à ceux qu’on aime (2018)
de Sandrine Dumas
publié le mercredi 6 mars 2019

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 6 mars 2019


 


Actrice et productrice, Sandrine Dumas a un beau parcours. Elle a aussi réalisé des courts métrages, dont les très remarqués Garde du corps (2003) et L’Invention des jours heureux (2010).
Son premier long a le mérite de nous faire retrouver Jérémie Elkaïm, et Marthe Keller. On y découvre aussi une Monia Chokri, révélée par Xavier Dolan, (1) en punkette mythomane. Cela fait du beau monde pour un scénario somme toute sympathique, mais un peu frêle et, pour le moins, attendu.


 

Les Italiens ont pour coutume de dire que "le mensonge a les jambes courtes", autrement dit qu’il ne court pas trop vite et pas très loin. C’est l’amère expérience que va faire la jeune Jewell, chanteuse et serveuse de beuglant, lorsque sa mamie américaine, Marie (Fionnula Flanagan, très touchante) et la mère de son ancien petit ami, Louise (Marthe Keller, toujours rayonnante), vont débarquer à Paris pour la retrouver.


 

S’ensuit, outre un imbroglio dû à la mythomanie de la jeune femme, un petit road-movie à la semblance américaine. La musique de Delphine Ciampi va l’aider, la rock-attitude aussi et les nuits dans des motels à la française, éclairées par Nathalie Durand, qui donnent au film un air à la fois énigmatique et quotidien.


 

Le trip les conduira lentement mais sûrement vers un village du Sud-Ouest, là où est née Marie, la grand-mère de Jewell. Le tout assaisonné de situations souvent tendres, voire pathétiques, parsemées de moments qui se voudraient comiques, ou en tout cas humoristiques. Le scénario a été écrit par six mains féminines, celles de Sandrine Dumas, Natalia Reyes et Hélène Angel. Sans doute est-ce pour cette raison qu’il ne donne pas le beau rôle aux hommes, souvent présentés comme lâches, abandonneurs, ou encore absents, ce qui est pire. Certains ont même eu la mauvaise grâce de mourir.


 

Pourtant, on a du plaisir à suivre ces personnages, une fois leurs maladresses et leurs défauts acceptés. On s’intéresse même à cette histoire, même si on en a très tôt deviné la fin. C’est une agréable comédie, très professionnelle sur la forme, quelque peu bancale sur le fond, mais chacun y retrouvera un peu de sa vie, de ses malheurs et de ses incohérences. "On ment toujours à ceux qu’on aime", et surtout à soi-même en l’occurrence.


 

Cela pourrait être un défaut rédhibitoire, Sandrine Dumas arrive, en toute ingénuité, à en faire une qualité. "Il y a dans le mensonge un vrai champ des possibles. Dissimuler la vérité peut être un acte de survie. C’est aussi le début de la fiction. Il contient un monde imaginaire que l’on ne s’avoue même pas à soi-même mais qui s’exprime ainsi."

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Dans Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (2010).


On ment toujours à ceux qu’on aime. Réal : Sandrine Dumas ; sc : Sandrine Dumas, Natalia Reyes, Hélène Angel ; ph : Nathalie Durand ; mont : Barbara Bascou ; mu : Delphine Ciampi. Int : Monia Chokri, Jérémie Elkaïm, Marthe Keller, Fionnula Flanagan, Aklex Descas, Marc Citti (France, 2018, 90 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts