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Sergio et Sergei (2017)
de Ernesto Daranas
publié le mercredi 27 mars 2019

par Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 27 mars 2019


 


Après le téléfilm ¿La vida en rosa ? (2004) et Chala, une enfance cubaine (2015), Ernesto Daranas nous offre une comédie dans le Cuba de 1991, à travers l’histoire d’une amitié entre un Cubain, un Russe et un Américain, au moment de la chute de l’URSS avec ses conséquences dramatiques sur l’île et ses habitants. (1) Ce qui le rend fort sympathique, c’est le caractère humain que lui a donné le réalisateur, en filmant surtout à La Havane, sauf les scènes en apesanteur, tournées dans les studios de Mediapro à Barcelone.


 


 

Sergio et Sergei est en fait une fable sur l’amitié entre des hommes que tout devrait opposer : un Cubain, philosophe marxiste formé à Moscou, qui, galère à La Havane pour nourrir sa fille, un Soviétique coincé dans sa capsule spatiale alors que, au sol, l’État socialiste se disloque, et un Américain, interprété par l’icône du cinéma indépendant, Ron Perlman (également coproducteur), tous reliés par radio.


 

Le film navigue entre la Terre vue des terrasses ravagées de La Havane et le ciel qui n’est plus le rêve de l’envol communiste. On n’est pas dans Gravity et le vaisseau spatial bringuebalant ressemble plutôt à un placard à balais. Le réalisateur n’a pas voulu faire un film sur l’espace, mais parler de Cuba différemment, la station Mir étant le symbole de la fin d’une époque.


 

Le film se présente à la fois comme une caricature du système soviétique à l’agonie et une métaphore sur le devenir de la pensée lorsque tout s’écroule dans une civilisation et qu’il y a plus urgent à faire que de récupérer un spationaute perdu dans la galaxie.

Cuba, désormais seul face aux États-Unis, va payer au prix fort la chute de l’empire. L’île ne s’enfoncera pas plus dans la misère qu’elle ne l’était déjà. Elle survivra, et c’est cette volonté de vivre que raconte cette comédie, filmée en flash-back - c’est la fille de Sergio, devenue adulte, qui raconte l’histoire (imaginaire) de son père qui a voulu aider un astronaute soviétique oublié, grâce à sa radio.


 


 


 

Histoire improbable, emplie d’un humour absurde, mais qui aurait pu être vraie. C’est cette atmosphère qui donne au film une sorte de mélancolie à l’égard de ces naufragés de la guerre froide qui évoque parfois Ettore Scola.
Selon l’auteur, il n’y avait rien d’enthousiasmant dans Mir, pas plus que dans la réalité cubaine, entre dogmatisme et pauvreté. Mais il affirme qu’il n’a pas perdu espoir d’un monde où subsisterait la beauté, un monde dans lequel les Cubains redécouvriraient qu’ils sont encore une nation et un peuple.

Jean-Max Méjean
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Le film a remporté le prix du public au festival Cinélatino de Toulouse 2018.


Sergio & Sergei. Réal, sc : Ernesto Daranas ; mont : J.M. Quevedo Gonzalez ; mu : Tom Linden & Micka Luna. Int : Tomas Cao, Hector Noas, Ron Perlman (Cuba-USA, 2017, 93 mn).



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