Jeune Cinéma en ligne directe
La charpente de la toiture de Notre-Dame de Paris, construite pendant les 12e, 13e et 14e siècles, disparue au 21e siècle, exactement en 3 heures, le 15 avril 2019.
Humeurs de Lucien Logette
20.35 : Blame de Quinn Shephard (2017), Sundance TV
Pas vu. Premier film d’une actrice de séries TV assez renommées, primé au Sundance Festival. Aucune parenté avec Sam, mais on peut rêver à une influence sous-jacente
20.50 : Faut qu’ça danse ! de Noémie Lvovsky (2007), Club
Deux titres français sur les 24 proposés par les divers bouquets, Sex Shop de Claude Berri, multirécidiviste et cet inédit de la réalisatrice. Certes, Noémie Lvovsky est meilleure comédienne que cinéaste, mais ça n’empêche pas de trouver à ses films quelque intérêt. D’abord parce que les œuvres signées par des acteurs, surtout lorsqu’ils sont bons, sont souvent soigneusement dirigées. Ce qui est le cas ici, où la troupe de seniors - Marielle, Azema, Ogier, Alvaro et Bruni Tedeschi, presque une enfant - s’amuse fort et fait passer ce que le scénario a d’un peu facile.
20.50 : Le Corrupteur de Michael Winner (1971), Classic
Ce n’est pas souvent que l’on signale un film du réalisateur (presque) attitré de Charles Bronson. The Nightcomers n’est pas un chef-d’œuvre (surtout si on le compare aux Innocents de Jack Clayton, qui cultive une thématique similaire), mais c’est le premier film d’une décennie qui vit Brando retrouver son statut de star - il enchaînera avec Coppola, Bertolucci et Penn. Ici, en jardinier fascinant les neveux de son employeur, il est remarquable.
02.30 : Fleur de tonnerre de Stéphanie Pillonca-Kervern (2016), Pourquoi passer un film aussi intéressant à une telle heure ? Pour son premier film, l’épouse de Gustave K. s’est attaquée à un gros sujet : l’itinéraire d’Hélène Jegado, la tueuse en série la plus efficace du 19e siècle, qui dépeupla quelques villages de Basse-Bretagne. Déborah François, toujours à l’aise dans les rôles où le feu couve sous la sérénité apparente, trouve là un de ses meilleurs personnages.
20.50 : Le Détective de Gordon Douglas (1968), Classic
Un inédit de Douglas et pas n’importe lequel. En deux ans, il a signé trois polars superbes, Tony Rome est dangereux, Le Détective et La Femme en ciment, deux adaptés de romans de Marvin H. Albert, l’un, celui-ci, de Roderick Thorp. Tous les trois avec Frank Sinatra, toujours excellent. Et Douglas a offert une petite place à Ralph Meeker, héros, treize ans plus tôt de En quatrième vitesse d’Aldrich.
C’est tout ? Eh oui, c’est le seul inédit sur toutes les chaînes, entre 20.35 et 03.00 - sauf pour les amateurs de Laurent Lafitte, qui pourront regarder 16 ans ou presque de Tristan Séguela (2013), sur Famiz, à leurs risques et périls (d’autant qu’il y a en plus Jonathan Cohen au générique).
20.35 : For No Good Reason de Paul Charlie (2012), Sundance TV
Doc inconnu. Mais la caution de Johnny Depp présentant la vie et l’œuvre de Ralph Steadman, dessinateur génial, suffit.
20.40 : The House of the Seven Gables de Joe May (1940, OCS Géants
Alors là, mystère. Après une carrière allemande remarquable (une belle version du Tombeau hindou en 1921, Le Chant du prisonnier en 1928, Asphalte en 1929, tous notables), il fit partie de la première vague de cinéastes à fuir l’Allemagne dès 1933. Sa carrière américaine fut nettement moins glorieuse. On ne connaît de lui que Music in the air (1934), comédie musicale sur un coscénario de Billy Wilder et The Invisible Man Returns (1940), facilement oubliable. On est donc curieux de découvrir cette pièce manquante de ses cinq titres US. D’autant qu’avec George Sanders et Vincent Price, on ne craint pas de s’ennuyer.
20.50 : Ava de Léa Mysius (2017), Club
Une des révélations du jeune cinéma français des deux dernières années. La Femis produit parfois du bon : après quelques courts bien accueillis (dont un à la Cinéfondation cannoise en 2014), Léa M. a éclaté avec ce film étonnant, par son scénario (la spécialité de l’auteure) et sa mise en forme. L’héroïne, Noée Abita, 17 ans mais paraissant les 13 du rôle, fait assurément partie de la prochaine génération d’acteurs à suivre (on l’a revue depuis dans un coin du Grand Bain). Quant à la cinéaste, elle a scénarisé les deux derniers films de Desplechin, dont le dernier, Roubaix, une lumière, sera bientôt à Cannes.
20.50 : À l’abordage de George Sherman (1952), Classic
On connaît surtout Sherman à travers ses westerns : Le Barrage de Burlington (1948), Le Trésor de Pancho Villa (1955). Mais il était de la catégorie des capables-de-tout-faire. Dont les films de cape et d’épée, tel ce Against All Flags, dans lequel Errol Flynn était encore assez fringant pour sauter sur le pont d’un bateau (ça ne durera pas). Avec Maureen O’Hara, dans la splendeur du Technicolor d’époque.
21.00 : Les Démons de l’aube d’Yves Allégret (1945), TV5
Le troisième film (rare) d’Allégret, le dernier avant sa trilogie noire. Un film sur la guerre, tourné presque à chaud, comme La Bataille du rail de René Clément ou Jéricho de Henri Calef, sur un bon scénario de Jean Ferry. Georges Marchal était alors la vedette tous terrains du cinéma français, mais derrière, on remarque quelques seconds rôles prometteurs (Jean Carmet) et une apparition de Simone Signoret, bientôt Madame Allégret.
22.30 : Rien n’est jamais gagné de Philippe Le Guay (2018), Club
Portrait de Jean-Louis Livi, qui a produit le film précédent sur la chaîne, et le suivant (Tous les matins du monde). Le doc est très réussi, car le personnage est une figure emblématique de "grand" producteur (Sautet, Miller, les trois derniers Resnais) osant prendre des risques (et se ramassant des bides qu’il ne regrette pas, comme le dernier Noémie Lvovsky, Demain et tous les autres jours (2017). Le Guay l’a suivi de près sur ses tournages et Livi, bien formé par Gérard Lebovici, raconte sa vie de façon passionnante.
23.40 : Tous les matins du monde d’Alain Corneau (1991), Club
Que le film soit inédit sur le câble est inexplicable, sinon par défaut de copie montrable. Ce fut une surprise pour tout le monde : que Corneau, catalogué fabricant de polars haut de gamme, fasse un film en costumes où l’on joue de la viole de gambe presque deux heures durant. Que Jean-Pierre Marielle abandonne son registre tonitruant pour une posture janséniste et soit convaincant. Que, enfin et surtout, le public suive, à l’étonnement du producteur. Depardieu avait encore de la mesure et on découvrait Anne Brochet. Il y avait là une conjonction miraculeuse.
00.00 : Le Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville (1966), France 5
Brion a entamé un cycle de polars français. On ne le lui reprochera pas. Mais on souhaiterait découvrir d’autres titres que ceux déjà panthéonisés, même s’il s’agit d’un des meilleurs de l’auteur.
20.40 : The Wizard of Lies de Barry Levinson (2017), OCS Choc
Comme il s’agit d’un téléfilm, il n’y a pas eu d’occasion de voir encore cette biographie de Madoff, l’empereur de l’arnaque (son record, établi à 65 milliards de $, est inégalé), qui vient d’entamer sa dixième année de prison (plus que 140). Robert De Niro a dû bien s’amuser à se mettre dans la peau du rôle.
20.50 : Ce qui nous lie de Cédric Klapisch (2017), Émotion
Dernier sorti des films de l’auteur, après la fin de sa saga Erasmus. Il change de format et d’inspiration - le retour au pays, à la mort de leur père, des trois enfants d’un vigneron -, mais continue à utiliser des acteurs de la jeune génération, Pio Marmaï (bien installé), François Civil (qui monte : quatre titres en 2019) et Ana Girardot (fille de).
22.15 : La Légende de Jesse James de Philip Kaufman (1972), Classic
Difficile de définir l’œuvre de Kaufman, de trouver un caractère commun entre L’Étoffe des héros (1983), L’Insoutenable Légèreté de l’être (1988) et ce western. Sinon, l’efficacité et la sincérité : il semble croire à ce qu’il tourne, que ce soit la mort du marquis de Sade dans Quills (2000) ou le mariage de Hemingway avec Martha Gellhorn dans Hemingway and Gellhorn (2012). Ici, pas d’exécution par le lâche Robert Ford, mais la vie quotidienne, d’un braquage à l’autre, de la bande des deux frères. Robert Duvall est le neuvième interprète de Jesse depuis 1939. Il y en aura six autres.
20.50 : La Colère d’un homme patient de Raul Arevalo (2016), Club
Curieux premier film, que le réalisateur (acteur par ailleurs) aurait mis huit ans à mener à bien. Un dispositif serré - la narration est divisée en chapitres indiquant le sujet, comme dans les romans anciens. Histoire d’une vengeance, méticuleusement menée, avec Antonio de la Torre. Quatre Goyas (les César espagnols), c’est dire. Antonio de la Torre, qui par ailleurs fait un tabac dans El reino (2018).
22.25 :Le Livre d’image de Jean-Luc Godard (2018), Arte
Après À bout de souffle (1960), son premier film, qui ouvre la soirée d’hommage à JLG, voici son dernier, présenté à Cannes l’an dernier et qui ne pourra pas être vu ailleurs (c’est une production Arte). Bonne occasion de refaire le point, au bout d’un an : est-il toujours aussi admirable pour certains, aussi indifférent pour d’autres, aussi lumineux, aussi incompréhensible, etc ?
01.25 : Mahler de Ken Russell (1974), TCM
On imagine mal aujourd’hui la gloire qui fut celle de Russell durant la décennie 70, entre Love (1969) et Au-delà du réel (1980) : un film par an, tous salués par la critique et le public. Il faut dire que Les Diables (1971), avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave, c’était quelque chose. Étrange retour de mode, mais il faut dire que sa production des années 80 - à l’exception du Repaire du ver blanc (1988) - partait un peu dans tous les sens. Au point qu’après La Putain (1991), aucun de ses films ne nous est parvenu - il est mort en 2011 sans avoir cessé de tourner. Comment ses biopics (Valentino, Gaudier-Brzeska, Mahler) ont-ils vieilli ?
20.40 : Alabama Monroe de Félix Van Groeningen (2012), OCS City
Comme des gens que l’on respecte disent éprouver du plaisir aux films de FVG, on se doit de signaler ce passage. Mais ni La Merditude des choses (2009), ni celui-ci, malgré son César du meilleur film étranger, ne nous ont convaincus en leur temps.
20.50 : Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre (1976), Classic
Le film, tourné entre Le Vieux Fusil et Mado, appartient à la période haute de Romy, alors la vedette française féminine la plus en vue. Est-ce celle que nous préférons ? Pas sûr. Plutôt celle de Plein soleil, du Combat dans l’île et du Procès. Granier-Deferre était plus sensible à rendre l’univers de Simenon que celui de Drieu la Rochelle. Mais c’est du patrimoine.
23.20 : Les Prédatrices d’Ovidie (2016), Club
Pas vu, mais la personnalité de la cinéaste, qui revendique hautement son statut d’actrice et réalisatrice de films pornos, donne envie d’en (sa)voir plus. Le sujet - deux femmes séduisent chaque soir des hommes et les assassinent après usage avant de les échanger contre de la drogue - rappelle fortement Un couteau dans le cœur, le film d’Yann Gonzalez (2018), avec Vanessa Paradis. Et ça nous changera un peu de Jean Rollin (toujours chaque nuit sur Action).
20.50 : Le Château ambulant de Hayao Miyazaki (2004), Famiz
Heureusement qu’il y a l’animation pour ne pas faire l’impasse sur une soirée négligée par les programmateurs (quatre Rambo à la suite sur Frisson). L’antépénultième titre de Miyazaki - il avait annoncé sa retraite en 2013, après Le vent se lève, mais on découvre qu’il a encore réalisé un court métrage l’an dernier, Boro the Caterpillar - est aussi superbe que les précédents et les suivants. Même plus peut-être, grâce à son scénario, plus inventif que celui de Ponyo et moins ambigu que sa biographie de l’inventeur des avions kamikaze.
22.35 : Nana de Christian-Jaque (1955), OCS Géants
Martine Carol était alors à son apogée - Bardot allait bientôt la faire descendre de plusieurs crans aux yeux du public. Un peu âgée pour le rôle (dans le roman, Nana n’avait qu’une vingtaine d’années), elle s’en sort cependant bien (évidemment mieux que Catherine Hessling dans la version de Renoir de 1926), car Christian-Jaque, son époux d’alors, était un bon directeur d’acteurs. Le scénario est signé Jean Ferry, Albert Valentin et Henri Jeanson, donc habile et brillant. Et une bonne partie du cinéma français du moment se retrouve au générique.
23.45 : Demi-sœurs de Sophia Azzedine & François-Régis Jeanne (2018), OCS Max
Pas vu, mais c’est le seul film récent inédit du bouquet OCS ce soir. Le premier titre de la coréalisatrice, Mon père est femme de ménage (2011), était intéressant. Et dans celui-ci, il y a Sabrina Ouazani, que l’on suit avec attention depuis Kechiche - L’Esquive (2004) - et surtout Jérôme Bonnell (2006).