Anémone (1950-2019) est morte hier, 30 avril 2019, de cette fameuse "longue maladie", l’euphémisme qui, autrefois, adoucissait une grande peur sociale, et qui, désormais touche - ou touchera - tout le monde, avec son mot brutal. Oui, on sait, elle aurait pas dû tant fumer.
Nous l’aimions tendrement, Anémone, non seulement parce qu’elle était associée dans nos esprits à ceux de ses débuts, Philippe Garrel, Coluche, la bande du Splendid, mais aussi parce qu’elle s’en était détachée, indépendante, irrécupérable, indocile, appartenant au monde de la comédie, le genre le plus difficile au cinéma comme au théâtre. Avec ce secret que seuls possèdent les vrais clowns : caché juste derrière le rire, le tragique.
Probablement, on l’aimait surtout parce qu’elle avait réussi à allier sans superposer son image de comédienne et ses déclarations engagées, viscéralement actrice, jamais marchandise, tôt installée dans la marge, celle de ces mauvaises herbes qu’on ne rumine ni ne met pas en gerbe, sans jamais disparaître de nos champs de vision.
Ces derniers temps, quand on découvrait son visage réel, on était étonné.
S’il y avait quelqu’un qui ne pouvait ni vieillir ni mourir, c’était bien elle.
Comme tout le monde, bien sûr, on aime Le Grand Chemin de Jean-Louis Hubert (1987).
Mais comme Charles Tatum, dans son œuvre, on choisit le film de Philippe Garrel, Anémone (1968).
On a aussi un faible pour Pas très catholique de Tonie Marshall (1994), où Anémone y campe une détective selon notre cœur, avec un partenaire hors du commun, à sa mesure, Grégoire Colin. Toujours pareil : les flics, publics ou privés, on ne les aime qu’au cinéma.