Sophia (Anne-Elizabeth Bossé), jeune diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim (Patrick Hivon), à Montréal. Leurs journées turbulentes rythment le film de toutes sortes d’événements, qui s’achèvent en sorties nocturnes, souvent fatigantes et un brin démoralisantes. Ils s’entendent à merveille jusqu’au jour où Karim "tombe en amour" pour Eloïse (Évelyne Brochu) la gynécologue de Sophia.

Colorés par l’accent et les expressions québécoises, les dialogues du film se répondent avec une vivacité inouïe, ne laissant aucun temps d’arrêt, évoquant souvent Antonio Gramsci, dont les parents sont des partisans inconditionnels.
Tout cela ne manque pas de drôleries ni de sujets rebattus, l’avortement, l’embourgeoisement, la difficulté de devenir adulte, la solitude, dans un climat assez désespéré pour Sophia qui ne voit toujours pas sa place dans ce monde.

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À coups de "j’aimerais ça…", elle butine à gauche, à droite, dans une espèce d’errance active et tourbillonnante, attendant de chaque instant de la vie une perspective heureuse. Et celle-ci vient sous la forme d’un curieux personnage, Jasmin (Mani Soleymanlou), meilleur ami d’Éloïse, dont le métier est "sage-femme".

Monia Chokri, auteur d’un scénario à l’imaginaire un peu foutraque, affuble ses personnages de gestiques et d’expressions à la limite du grotesque, laissant croire à une interprétation improvisée tout en dispersant dans le déroulé de l’histoire, un vent de liberté incontrôlable, grisant et déroutant à la fois.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma n°395, été 2019

La Femme de mon frère. Réal, sc : Monia Chokri ; ph : Josée Deshaies ; mont : M.C. & Justine Gauthier. Int : Anne-Élisabeth Bossé, Patrick Hivon, Sasson Gabai, Evelyne Brochu, Mani Soleymaniou, Niels Schneider (Canada, 2019, 117 mn).