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Scob, Édith (1937-2019)
Brèves
publié le jeudi 27 juin 2019

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Ellis & Neck (jeudi 27 juin 2019)


 


Notre chère amie Édith Scob (1937-2019) vient de mourir, hier ce mercredi 26 juin 2019.

C’est en 1959, il y a 60 ans, que tout le monde l’avait découverte dans les deux premiers films de fiction de Georges Franju. Elle était toute jeune, toute belle, mais on ne le savait pas encore. Elle était folle et chantait - presque seulement une silhouette dans La Tête contre les murs  -, et elle était masquée dans Les Yeux sans visage. Le film était devenu une référence pour tout un pan du cinéma fantastique international, et elle, sans connaître vraiment son visage, on ne l’avait plus quittée.


 

On se souvient d’elle un peu plus tard, ses yeux et son visage, et son sourire.


 


 

On ne cessait de la suivre ou de la croiser au cinéma, toujours avec Franju, mais aussi avec Raul Ruiz, Luis Buñuel, Pierre Kast, Leos Carax, Jean Becker, Olivier Assayas, ou Patrice Leconte, et quelques autres auteurs incontournables du cinéma français.

Jamais vraiment au premier plan, mais toujours dans des rôles qui lui ressemblaient, elle était une sorte d’âme essentielle de chaque œuvre, à la fois impalpable et solide, lointaine et familière, nécessaire clé de voûte.


 

Et puis, on la suivait aussi au théâtre, avec Yannis Kokkos, Brigitte Jaques, Michel Lonsdale, Antoine Vitez, Luc Bondy, Claude Régy, René Farabet, Hans Peter Cloos, Jacques Lassalle, Bernard Sobel, Jacques Nichet, Robert Cantarella, etc. tous ces grands noms de la grande époque du théâtre public, cette "Décentralisation" dont le 21e siècle a progressivement oublié l’importance historique, parce que le théâtre demeure l’art d’un présent éphémère, intemporel.

Et avec Georges Aperghis évidemment, qui avait fondé avec elle, l’inoubliable Atelier Théâtre et Musique (ATEM) qui vécut de 1976 à 1990.

Quand elle est apparue à la télévision plus souvent, dans des séries, on s’est réjoui qu’elle devienne populaire, et on a accepté de la partager avec le plus grand nombre, dans la catégorie des grands seconds rôles, ceux qui nourrissent les films, même si elle n’avait jamais cherché ce genre de succès.


 


 

En 2017, à Alès, le festival Itinérances, 35e édition (17-26 mars 2017) lui avait rendu un hommage chaleureux.

©Patrice Terraz
 

On vieillissait avec elle, alors les très fines rides qui marquaient peu à peu son visage délicat, elles nous ont semblé les plus naturelles qui soient, le cours des choses, le fil du temps, l’éternité.


 

Quand, en 2006, est sorti le film de Viviane Candas, Suzanne (2005), c’est peut-être grâce à elle, cette inoxydable jeune fille, qu’on a compris la nature insidieuse et paradoxale du vieillissement.


 


 

Sa voix acidulée, ironique et raisonnable, elle, ne changeait pas.
Édith Scob faisait partie de l’écosystème de tous les cinéphiles, elle, sa beauté, son intelligence, son extrême finesse.
Il n’y avait absolument aucune raison pour qu’elle disparaisse.
D’ailleurs, elle ne quittera jamais nos écrans.
Du moins tant qu’il y en aura, des écrans.

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