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Diego Maradona (2019)
de Asif Kapadia
publié le mercredi 31 juillet 2019

par Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 395, été 2019

Sélection Hors compétition du Festival de Cannes 2019

Sortie le mercredi 31 juillet 2019


 


Après Ayrton Senna et Amy Winehouse (1), le réalisateur britannique Asif Kapadia s’attaque à une autre figure "culte", Diego Maradona.
Mais au contraire d’Emir Kusturica et de son portrait hagiographique du footballeur en 2008 (2), il ne s’intéresse qu’aux années napolitaines, celles qui ont vu l’idole au sommet de sa gloire avant une chute vertigineuse et pathétique.


 

Le 5 juillet 1984, Maradona, 24 ans, quitte le FC Barcelone et débarque à Naples. Il est engagé par le club SSC Napoli, menacé de relégation, pour un montant record de 12 millions de dollars. Dans le stade San Paolo, 70 000 supporteurs crient leur amour pour le nouveau venu, enfant des quartiers pauvres d’une province de Buenos Aires dans lequel ils se reconnaissent et qui les comblera pendant sept ans.


 


 

Si Maradona semble avoir la grâce sur le terrain, El pibe de oro (le gamin en or) n’a pas la même réussite dans sa vie personnelle, car ce lien fort du joueur avec sa ville passe aussi par ses faces obscures, que le film met en lumière.
À commencer par le rôle joué par la Camorra, dirigée par Carmine Giuliano. Certains témoignages sont terribles. La mafia le protège et le fournit en prostituées et surtout en cocaïne, une addiction qui précipitera sa chute.


 

La statue s’effrite bientôt sur son socle : la ville de Naples, le club et ses tifosi et même la mafia le lâchent.
Et puis en 1990, Maradona gagne avec l’équipe d’Argentine contre l’Italie en demi-finale de la Coupe du monde… au stade San Paolo.
C’en est trop. L’idole est conspuée.


 

Diego Maradona est un documentaire à hauteur d’homme, beau, sincère et intense, réalisé à partir de cinq cents heures d’images inédites, issues souvent des archives personnelles du footballeur, des commentaires de Diego lui-même, de son ancien préparateur physique, de sa compagne et de quelques proches.
Ce récit prend des allures de tragédie grecque mêlant gloire, désespoir, trahison, corruption et rédemption. Passionnant et glaçant.

Gérard Camy
Jeune Cinéma n° 395, été 2019

1. Les deux documentaires, Senna (2010), notamment Prix du public au Sundance Film Festival 2011 et Amy (2015), notamment sélection Hors compétition du Festival de Cannes 2015 et Oscar du meilleur documentaire 2016, ont, tous deux, reçu d’innombrables récompenses dans les festivals du monde.

2. Maradona de Emir Kusturica (2008) a été sélectionné Hors compétition au Festival de Cannes 2008.


Diego Maradona. Réal, sc : Asif Kapadia ; mont : Chris King ; mu : Antonio Pinto (Grande-Bretagne, 2019, 130 mn). Documentaire.



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