home > Films > Alice’s Restaurant (1969)
Alice’s Restaurant (1969)
de Arthur Penn
publié le dimanche 18 août 2019

par André Tournès
Jeune Cinéma n°52, février 1971


 

Sortie le vendredi 27 février 1970


* Extrait de l’article général "Jeunesse américaine".
[...]

Même bêtise, mais plus feutrée, chez les bien-pensants de Alice’s Restaurant, [que dans Easy Rider] même sympathie pour les hippies, mais éprouvée par un témoin plus distant. Alors que les auteurs de Easy Rider font partie du monde qu’ils décrivent, Arthur Penn reste un intellectuel traditionnel qui s’efface devant le témoignage d’un autre. Alice’s Restaurant est un film sur Arlo Guthrie chantant un épisode de sa vie hippie.


 

En marge des aventures de Arlo, le film donne lieu à l’évocation de la vie d’une communauté hébergée par un ménage, Alice et son mari, qui ont acheté une vieille église désaffectée et la nourrissent des bénéfices de leur restaurant.

Le film se veut une apologie du mode de vie hippie, en fait, il est surtout, comme l’écrit Goffredi Fofi dans les Quaderni Piacentini (1) l’occasion de faire accepter au public bourgeois américain "cette nouvelle religion qui a droit d’existence comme toutes les autres". Pour étayer cette assertion, Fofi se réfère à une longue séquence qui fait alterner une scène de dimanche chez les hippies et toute une série de plans montrant des fidèles de sectes différentes dans diverses églises.


 

On retrouve dans le film de Penn la même atmosphère de fin du monde et de bonheur menacé que dans Easy Rider. Les scènes les plus belles sont celles de la mort du père de Arlo, Woody, (2) et l’enterrement du jeune suicidé.


 


 


 

Mais là où Easy Rider exaltait la solitude et la fuite, Alice’s Restaurant montre ce que tente d’être, malgré l’échec, un mode de vie nouveau, celui de la vie communautaire : besoin et possibilité de communication, effort pour retrouver des rapports amoureux libérés des fantasmes freudiens, gestion des tensions de la vie du couple, ouverture et accueil du groupe.


 

Nécessité aussi de trouver une source de financement. Ici le restaurant, mais qui repose, en fait, sur le seul effort de Alice.

André Tournès
Jeune Cinéma n°52, février 1971

1. Goffredi Fofi, "Di alguni film su hippies, popolani romani e intelletuali PCI", in Quaderni Piacentini, anno IX, n°41, luglio 1970.

2. C’est Joseph Boley qui incarne Woody Guthrie (1912-1967), influencé par Joe Hill (1879-1915), et référence de base de Bob Dylan et de Joan Baez. Pete Seeger joue son propre rôle.


Alice’s Restaurant. Réal : Arthur Penn ; sc : A.P. & Venable Herndon d’après la chanson Alice’s Restaurant de Arlo Guthrie ; ph : Michael Nebbia ; mont : Dede Allen ; mu : Arlo Guthrie ; cost : Anna Hill Johnstone. Int : Arlo Guthrie, Pete Seeger, Joseph Boley, Patricia Quinn, James Broderick, Lee Hays, Michael McClanathan, Tina Chen (USA, 1969, 111 mn).



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts