Alireza Motamedi, réalisateur iranien, poète et écrivain, est également diplômé de littérature persane et scénariste - il a écrit plus de vingt scénarios pour le cinéma et la télévision. Reza est son premier long métrage, dans lequel il interprète le rôle principal.

Le film relate, dans la ville d’Ispahan, la séparation et le divorce d’un couple, Fati chrétienne et Reza musulman. Sur le schéma des grands mythes de la littérature antique, l’auteur construit sa narration, avec des images et des sons dans lesquels la langue persane, parlée ou psalmodiée, fabrique, par l’intonation et la formulation, un monde enchanté empli d’oiseaux.

Le film joue sur la lenteur, le rythme, la couleur et la lumière. Le choix des plans dans des lieux sublimes renforce l’idée du conte magique persan. Un conte très beau dans la suggestion de "l’être séparé", de "l’être seul", dans la signification physique et mentale de celui qui s’abandonne, se met à l’écart, plonge dans la rêverie ou dans l’enfouissement du sommeil, refuse le réel, et vit dans une espèce de tranquillité dont seul le doute peut le distraire.

Car, chaque seconde de sa vie, devient un choix à accomplir, saisi entre la vie et la mort du sentiment amoureux, à l’instar du conte à la fois merveilleux et tragique. Reza considère le divorce comme la continuité du mariage, assuré que quelque chose perdure au-delà de l’espérance, tel l’amour immuable et profond qu’il ressent pour Fati.

Il déambule dans la ville la nuit, le jour se promène dans les parcs et les rues un livre à la main, errance de l’être, douce et nécessaire à la pensée du poète.

À l’inverse des situations radicales et souvent douloureuses face au divorce en Iran, celui de Fati et Réza résonne comme une partition musicale dont la mélodie rejoint l’harmonie, où le vibrato et le souffle viennent rythmer cette lente promenade amoureuse.

La liberté goûtée par Fati hors du carcan du mariage a-t-elle le même attrait que le mariage lui-même ? Fati reviendra-t-elle comme le rêve Réza ?
Alireza Motamedi ne dit rien d’autre que l’expression indéfectible de l’amour vécu aujourd’hui, au cœur de la société iranienne moderne.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Reza. Réal, sc : Alireza Motamedi ; ph : Ali Tabrizi ; mont : Meysam Molaei ; mu : Shahram Nazeri, Sardar Sarmast. Int : Alireza Motamedi, Sahar Dolatshahi, Solmaz Ghani, Reza Davoudnejad, Setareh Pesyani (Iran, 2018, 94 mn).