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Girl at My Door (a) (2014)
de July Jung
publié le mercredi 5 novembre 2014

par Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

Sélection Un certain regard au festival de Cannes 2014

Sortie le mercredi 5 novembre 2014


 


Le cinéma coréen ne cesse de réserver des (bonnes) surprises, en l’occurrence un film de femme, et un visage du pays que nous n’avions jamais vu.

Une jeune femme est mutée dans le commissariat d’une petite ville du Sud principalement tournée vers la pêche.
Elle vient de Séoul pour prendre la tête de la petite équipe de policiers, tous hommes.

Avant même d’arriver, elle croise une gamine sur le bord de la route dont le regard l’intrigue.
Ses collègues lui font visiter le lieu, l’installent dans son logement. Tout semble se passer le plus normalement au début. Yung-nam va progressivement découvrir une toute autre réalité. Dohee, l’adolescente, est victime de violences de la part des autres élèves du collège, son beau-père, qui se trouve être la personne qui fait vivre la communauté, la maltraite. La policière va recueillir chez elle la victime de ces violences pour la mettre à l’abri des coups.

À partir de là, tout va déraper pour la policière qu’on accuse de détournement de mineure, d’autant plus que la rumeur de son éloignement en province pour cause d’homosexualité est vite répandue par le beau-père. L’homme, alcoolique, brutal, exploite des immigrés illégaux qu’il ne daigne souvent même pas payer.


 

July Jung, dont c’est le premier film, affirme d’emblée un style très personnel. Elle conduit son récit avec une grande sobriété.

Tout d’abord en maintenant les parts de secret, de non-dit dans la psychologie des personnages. Ce qui pourrait s’apparenter à un film à thèse (féminisme, homosexualité, etc.) est totalement évacué pour privilégier l’humain, au sens fort du terme.
Pas de héros, d’antihéros, mais de vrais personnages, loin des clichés, interprétés par des acteurs toujours justes.
Il y a dans son film une belle imbrication entre fiction et la réalité du lieu.

Par-dessus tout, on ne peut qu’être admiratif devant la manière de filmer dans le souci de laisser le pathos à distance et par la-même de préserver la liberté du regard du spectateur.
July Jung touche peut-être d’autant plus juste qu’elle élimine tout ce qui pourrait être superflu, ce que bien des cinéastes ne parviennent pas à faire.

Bernard Nave
Jeune Cinéma n° 360, été 2014

A Girl at My Door (Dohee-Ya). Réal, sc : July Jung. Int : Doona Bae, Kim Sae-ron, Song Sae-byeok (Corée, 2014, 119 mn)

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